CHAOUKI-LI-QACENTINA

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60ème Anniversaire du Croissant-Rouge algérien

Une histoire qui ne doit pas sombrer dans l’oubli


En créant, le 29 décembre 1956, le Croissant-Rouge algérien (CRA), ses membres fondateurs ne se doutaient guère qu’ils allaient donner naissance à la plus ancienne organisation humanitaire dans l’histoire de l’Algérie. Un parcours jalonné d’une longue série d’actions de solidarité depuis la guerre de libération jusqu’à nos jours. Dans son livre La Croix-Rouge internationale et la Guerre d’Algérie, paru en 2014 aux éditions Houma, le Pr Mostéfa Khiati consacre tout un chapitre à la création du CRA. Une naissance qui remonte à l’année 1956 à Tétouan, au Maroc, qui venait d’accéder à l’indépendance.

Un premier pas a été fait par le Dr Boumediène Bensmaïne, aidé par le pharmacien Abdellah Merad, dans l’élaboration des statuts du futur CRA. Le projet sera présenté aux instances du FLN. Le 11 décembre 1956, le Comité de coordination et d’exécution (CCE), organe central de la direction du FLN, donnera son feu vert pour la création du CRA, avec pour secrétaire général le Dr Bensmaine. Le premier comité du CRA sera ainsi mis en place à Tanger le 29 décembre 1956, présidé par Me Omar Boukli Hacene, avocat originaire de Tlemcen.

Les statuts du CRA seront déposés à la préfecture de Tanger le 7 janvier 1957. Parmi les pionniers de cette organisation, on citera, entre autres, le Dr Mostefa Benbahmed, qui sera le second président en 1958, le Dr Mostefa Makaci, Mouloud Bouguermouh et Djilani Bentami, délégué du CRA à Genève. Commencera alors la longue marche du CRA, qui avait pour principales missions l’accueil des soldats de l’ALN blessés ou mutilés pour les soigner à l’étranger, ainsi que la prise en charge des milliers de réfugiés algériens traversant les frontières avec le Maroc et la Tunisie.

A travers sa délégation à Genève, le CRA réussira à faire connaître aux instances internationales les problèmes humanitaires en Algérie et les conditions des prisonniers dans les camps d’internement. Il multipliera ses activités auprès des pays arabes et des pays de l’Est. Il parviendra à créer un élan de solidarité internationale par la collecte de dons au profit du FLN. Plusieurs secouristes, infirmiers et infirmières seront formés pour servir au maquis. Une mission qui se poursuivra sans relâche jusqu’en 1962. Le CRA connaîtra sa consécration en obtenant son agrément auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) le 9 juillet 1963.

Après l’indépendance, le CRA sera investi d’autres missions de solidarité avec les familles démunies, les sans-abri, les veuves et les orphelins, et d’actions de secourisme dans les catastrophes naturelles. Malgré cette longue histoire, la société du Croissant-Rouge algérien est passée presque discrètement dans la philatélie algérienne. Une belle épopée qui ne sera jamais célébrée jusqu’à nos jours. Durant les premières années de l’indépendance, un premier timbre d’après photo d’une valeur de 0,3 DA, avec une surtaxe de solidarité de 0,10 DA fera son apparition le 27 mai 1967.

Il illustrait deux enfants, sur un fond vert portant le croissant rouge. Le 15 mai 1971, une modeste contribution de la Poste algérienne se manifestera dans un timbre vert, symbolisant le gilet blanc des secouristes marqué du croissant, dessiné par H. Boukendjakdji. On attendra encore 27 ans pour assister, le 2 mai 1998, à un troisième timbre à l’honneur du CRA où l’on retrouve encore une fois le croissant et l’emblème national sur un fond blanc, avec la mention : «La solidarité de tous, la dignité pour tous». Le seul événement porté sur un timbre-poste impliquant cette organisation sera la tenue de la 6e Conférence panafricaine des Croix et Croissant-Rouge, qui a eu lieu à Alger en septembre 2004.

L’œuvre, signée par Sid-Ahmed Bentounes, symbolisait le globe terrestre portant au centre la carte de l’Afrique, mettant en exergue celle de l’Algérie, avec les emblèmes blancs du Croissant-Rouge et de la Croix- Rouge internationale. Après un parcours des plus honorables, le Croissant-Rouge algérien n’aura plus droit à la moindre commémoration. Pourtant, cette belle histoire ne mérite nullement de sombrer dans les archives de l’oubli.

Arslan Selmane

El Watan

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31/12/2016
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