CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Célébration de Youm El Ilm

L’héritage de Ben Badis frappé d’amnésie

 

 

Hormis la série des portraits dessinés par Mohamed Racim, émise à partir de 1966, en hommage à l’Emir Abdelkader, la Poste algérienne a attendu longtemps, trop longtemps même, pour célébrer la mémoire d’une personnalité parmi celles qui ont le plus marqué l’histoire contemporaine de l’Algérie (et qui continuent de le faire encore) : Cheikh Abdelhamid Ben Badis (1889-1940). L’on trouve même étrange et aberrant que la Poste algérienne puisse célébrer le centenaire de la naissance de Lénine, sur un timbre réalisé dans une imprimerie en ex-URSS, paru le 29/8/1970, avant même celui du père du mouvement réformiste en Algérie.

La première consécration pour ce grand homme qu’est Abdelhamid Ben Badis a été illustrée sur un timbre, qui a beaucoup voyagé dans les courriers postaux. Il s’agit de la figurine multicolore à 0,60 DA, dessinée par Bachir Yelles, montrant Ben Badis en burnous blanc immaculé, dans sa célèbre posture, en train de méditer, tenant le Coran par la main droite. Parue le 16 avril 1979, cette émission marquera la première célébration de Youm El Ilm en Algérie, 39 ans après la disparition de Ben Badis, et coïncidant avec le 90e anniversaire de sa naissance.

Deux ans plus tard, la Poste émettra un timbre dessiné également par Bachir Yelles, en hommage au compagnon de route et de combat de Ben Badis, Cheikh Bachir Ibrahimi (1889-1965). Un portrait marqué par le regard serein de celui qui a pris la relève à la tête de l’association des Oulémas après le décès de Ben Badis, le 16 avril 1940. La même année, la célébration de Youm El Ilm a été aussi marquée par l’émission d’une allégorie dessinée par Kamreddine Krim sur le thème de l’école fondamentale, dont il ne reste que de vagues souvenirs.

Le 16 avril 1996, trois dessins d’enfants glorifiant la science, signés par Linda Kasmi, Ahmed Kertal et Amina Belkebir ont été choisis par la Poste pour commémorer l’événement. Pour la même occasion, un timbre illustrant la Bibliothèque nationale, œuvre de Kamreddine Krim, fera son apparition en 2000. Il sera suivi en 2005 par une belle série bien travaillée par Ali Kerbouche, illustrant les médersas d’Alger, de Constantine et de Tlemcen.

Ce n’est qu’en 2012 que la Poste algérienne décidera, enfin, dans une série réalisée par Sid-Ahmed Bentounes, de rattraper une injustice en tirant de l’oubli des personnalités connues et reconnues de l’association des Oulémas, dont le cheikh Larbi Tebessi (1895-1957), enlevé par des soldats de l’armée française durant la guerre de libération, porté disparu depuis, et dont le corps n’a jamais été retrouvé à ce jour, Cheikh Mebarek El Mili (1898-1945), homme révolutionnaire, et Cheikh Ahmed Hammani (1915-1998), ancien président du Haut conseil islamique.

L’amnésie continue de frapper d’autres compagnons de Ben Badis, à l’instar de l’incontournable réformiste Cheikh Tayeb El Okbi (1889-1960), Naim Naimi (1909-1973), Ahmed Tewfik El Madani (1898-1983), Fodil Ouartilani (1906-1959) et le talentueux poète Mohamed Laid Al Khalifa (1904-1979). L’amnésie touchera même l’association des Oulémas, créée le 5 mai 1931, dont on n’a jamais célébré la naissance, alors qu’elle aura à célébrer dans deux semaines son 85e anniversaire. Pire encore, la jeune génération ne connaîtra pas trop de choses sur les travaux et l’énorme héritage légué par Ben Badis et ses compagnons. Une amnésie collective qui devient plus cruelle.

Par/Arslan Selmane

El Watan



24/04/2016
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