Chaouki Djeghim. Spéléologue et explorateur de grottes
«Militer pour aménager les grottes en lieux d’histoire naturelle»
- La ville de Constantine compte de nombreuses grottes inconnues du grand public ; pourquoi selon vous ?
Certes, le Rocher de Constantine comporte une quantité de grottes importantes, et je ne pense pas qu’elles demeurent inconnues du grand public. Tout le monde connaît l’histoire de Constantine et a une petite idée sur ces grottes. Ce qu’on ignore, c’est leur position géographique, car après la fin des recherches archéologiques menées par les Français durant l’époque coloniale, ces lieux ont été complètement oubliés par les chercheurs ainsi que par les autorités. D’ailleurs, il serait mieux que les gens ne connaissent pas ces lieux, car quand je vois à travers les réseaux sociaux la frénésie de certains à vouloir les visiter, il y a risque aussi que ces grottes subissent encore des dégâts, alors qu’elles sont déjà à l’abandon.
- Y a-t-il eu des recherches sur l’histoire de ces lieux ?
Oui, il y a eu des travaux de recherches sur le terrain. C’était durant l’époque coloniale entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles, puis plus rien. Ces recherches sont accessibles grâce aux archives et aux publications de la Société archéologique de Constantine fondée en 1852, et qui se trouvent actuellement au musée national Cirta.
- Pourquoi ces grottes sont-elles dégradées ?
Après les fouilles réalisées dans ces lieux et la publication des recherches archéologique pendant la période coloniale, ces grottes sont tombées dans l’oubli. Personne n’a donné de l’importance à l’exploration à nouveau de ces grottes et poursuivre les recherches. Dans ce domaine, tout le monde cherche à être le premier, de là à continuer sur ce qui a été déjà fait.
- Que doit-on faire pour leur sauvegarde ?
C’est une bonne question, mais si tout le monde faisait son travail correctement on ne poserait plus cette question. A mon avis, je dirais qu’il faut que les hautes instances de la ville de Constantine fassent pression sur le musée, ainsi que les services de protection des sites archéologiques de Constantine et les associations activant dans ce domaine pour qu’ils bougent. Il faut d’abord mettre en place un plan d’urgence pour sauver et protéger ce qui reste.
Il faudra aussi charger une équipe d’archéologues pour continuer les fouilles dans certains lieux qui n’ont pas été mis au jour jusqu’à présent. Les autorités ont le devoir aussi de nettoyer et d’entretenir les sites qui ont atteint un degré de dégradation important et les protéger contre tous les actes de vandalisme. Et pourquoi ne pas les transformer en sites d’histoire naturelle que les gens pourront visiter, comme certains pays l’ont fait pour leurs grottes.
Arslan Selmane
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