CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Femmes dessinatrices de timbres-poste algériens

Comme un collier de perles rares


Elles sont vraiment rares ces femmes artistes qui ont inscrit leurs noms sur les timbres algériens. Pourtant, le monde des beaux-arts en Algérie compte tellement de talents au féminin, qui continuent de produire des œuvres d’une grande qualité. Mais, il est dit que ces femmes artistes sont condamnées à la marginalisation et sont rarement sollicitées pour les émissions de timbres-poste.

En examinant le catalogue philatélique algérien, on ne trouve qu’une poignée de «perles rares». Au début, il y avait Baya Mahieddine, de son vrai nom Fatma Haddad (1931-1998), qui fut une artiste d’exception. Classée avec Aksouh, Benanteur, Guermaz, Issiakhem, Khadda et Mesli, parmi les artistes de la «génération de 1930» qui ont été les fondateurs de l’art algérien moderne, Baya sera la pionnière des artistes femmes dessinatrices de timbres-poste. On la découvre pour la première fois sur la vignette émise le 27/12/1969, ayant pour thème la protection de la mère et de l’enfant.

C’est le premier timbre-poste algérien qui illustre l’œuvre d’une artiste femme. Malgré une riche production artistique et une renommée internationale, la présence de Baya se limitera uniquement à deux autres timbres, sortis le 4/12/1971 (Secours à l’enfance) et le 1/6/1989 (Journée internationale de l’enfant). Comme pour réparer une injustice, la Poste lui a rendu un hommage posthume sur un bloc feuillet, sorti le 8 juin 2008 à l’occasion de la Journée de l’artiste.

C’est une autre artiste de la génération des années 1930 qui emboitera le pas à Baya. Née en 1934 à Blida, Souhila Belbahar, qui entamera un parcours d’autodidacte, fera une belle carrière artistique. On ne la retrouve, malheureusement, que sur deux timbres parus le 5/4/1974 (En hommage à nos mères) et 21/6/1979 (Année internationale de l’enfant), alors qu’elle est considérée aujourd’hui comme une des doyennes et co-fondatrices de l’art algérien contemporain. La traversée du désert pour les artistes femmes absentes sur les timbres algériens durera 13 ans. Un retour timide se fera à travers une émission, la première et la dernière, de Saliha Ammour. Une géologue de formation et artiste-peintre autodidacte qui signera quatre timbres émis le 24/7/2002 sous le thème des roches (Calcite, Feldspath, Galene, Conglomérat).

Curieusement, Saliha sera suivie, deux ans plus tard, par sa sœur Ghania Ammour, artiste-peintre autodidacte elle aussi et médecin de formation. Le 8/3/2004, elle aura le grand honneur de dessiner l’unique timbre dans l’histoire de la philatélie algérienne consacré à la Journée internationale de la femme, et réalisé par une femme. Depuis l’indépendance à ce jour, cette thématique a été réservée aux hommes. Comme quoi, on ne laisse même pas la chance aux femmes artistes peintres pour s’exprimer lors de leur fête internationale. A partir de 2009, les émissions philatéliques feront découvrir de nouveaux noms. Certains feront même long feu.

C’est le cas de Djazia Cherrih qui demeure la plus prolifique sur le catalogue philatélique algérien. Née en 1965, miniaturiste, elle fera ses débuts par une émission de deux timbres sur la Journée nationale des handicapés, sortie le 14/3/2009. Elle fera exploser ses talents en 2014, où elle sera vraiment «la femme de l’année philatélique», en réalisant coup sur coup pas moins de six émissions.

Il s’agit de la commémoration du 19e anniversaire du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), la 17e conférence ministérielle du Mouvement des non-alignés, la Journée mondiale de la Poste, le centenaire de la naissance d’Abdelkrim Dali et l’exposition universelle de Milan. Elle sera la première femme à briser une vieille tradition en réalisant deux vignettes consacrées à la Coupe du monde de football de Rio de Janeiro. Ce qui était du domaine exclusif des artistes peintres hommes. Elle récidivera en 2015 avec un timbre sur la Journée arabe de la famille, pour signer en 2016 deux timbres dans la thématique de la culture (Pistolet de la période ottomane et masque de la Gorgone).

Elle sera présente en 2017 dans trois émissions, dont la plus importante sera celle consacrée à l’anniversaire de la Révolution du 1er Novembre. Son dernier «opus» qui est le 16e timbre dans sa carrière «d’artiste philatélique» a été émis le 21 février dernier à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle.

Entre-temps, les philatélistes algériens feront la découverte le 12/1/2013 d’une nouvelle signature féminine, celle de Saliha Khelifi au bas d’un timbre consacré pour la première fois à la fête de Yennayer. La septième et dernière venue dans «le gotha» des femmes dessinatrices de timbres a été la jeune Zineb Bahri, qui a été révélée par le feuillet consacré aux bijoux de Tin Hinan, sorti le 18/4/2017, et le timbre sur la protection de l’enfance émis le 6/8/2017. Mis à part ce lot de «perles rares», les grandes artistes telles que Aïcha Haddad et autres demeurent encore frappées d’amnésie.

Par/Arslan Selmane

El Watan



17/03/2018
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