CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Le théâtre sur les timbres algériens

Une mémoire tronquée


Depuis 1962, chaque année, le 27 mars, le monde célèbre la Journée mondiale du théâtre. En Algérie, l’histoire du 4e art remonte à la période coloniale, qui a vu la réalisation de la majorité, sinon de tous les établissements qui continuent encore d’activer de nos jours. Alors que des formes d’expressions théâtralisées à travers les spectacles des «halaqate» et des «meddahine» dans les lieux publics existaient déjà, le théâtre algérien a commencé à prendre forme au début du XXe siècle.

Parmi les pionniers, on retiendra les noms de Rachid Ksentini et Allalou. D’autres noms émergeront, comme Mahieddine Bachtarzi, Djelloul Bachdjarrah, Mustapha Kateb, Mahboub Stambouli, et d’autres personnalités qui formeront durant les années 1940 le noyau de la future troupe du FLN qui a sillonné plusieurs pays dans le monde, puis du mouvement théâtral en Algérie après l’indépendance, avec des hommes de talent comme Mohamed Boudia, Kateb Yacine, Abdelkader Alloula et autres.

Sur les timbres algériens, le théâtre a toujours été absent, malgré le foisonnement culturel que l’Algérie avait connu dans les années 1960-1970, avec l’épopée du célèbre Festival national du théâtre amateur de Mostaganem, le premier dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Finalement, ce sera dans une émission de deux timbres se tenant, parue le 20 juillet 1987, que la Poste algérienne a daigné rendre un premier hommage à ce festival populaire typiquement algérien, devenu mythique.

Une manifestation unique en son genre dans l’histoire du 4e art en Afrique et dans le monde, lancée en 1968, mais qui se tenait, comble de l’ironie, dans une ville privée de son théâtre, qui a été démoli deux ans auparavant. La figurine dessinée par Kamreddine Krim illustre sur une partie la ville de Mostaganem et sur l’autre partie une scène de théâtre. Elle inaugure tardivement une nouvelle thématique consacrée à cet art, et qui verra défiler une poignée de timbres réservés aux théâtres nationaux et aux hommes qui ont consacré leur vie aux tréteaux.

Treize ans plus tard, un premier hommage sera rendu à Mustapha Kateb (1920-1989), illustré sur un timbre réalisé par Kamreddine Krim, paru le 8 juin 2000 dans une série consacrée à des hommes de culture à l’occasion de la Journée nationale de l’artiste. Chichement, l’administration postale réservera deux autres timbres en hommage à deux autres hommes illustres du 4e art en Algérie : Ahmed Redha Houhou (1911-1956) et Kateb Yacine (1929-1989).

Les deux figurines ont été réalisées par Kamreddine Krim et émises le 16 avril 2008. Près de 50 ans après la création du festival de Mostaganem, ville déclarée, depuis le 2 avril en cours, «Capitale du théâtre» durant toute l’année 2017, le moindre hommage n’a pas été rendu aux hommes qui ont été à l’origine de cet événement, à l’image de Abdelkader Benaïssa, Abdelkader Belmokadem, Hocine Hamadou et Abdelkader Benderdouche, mais aussi ceux qui ont contribué à sa pérennité, les inséparables Si Djilali Benabdelhalim et Abdelkader Ould Abderrahmane, dit Kaki. La suite sera une saga philatélique des Théâtres régionaux, dont la plupart ont été l’œuvre des Français, car en Algérie, on n’a pas réalisé de théâtres de la même dimension depuis l’indépendance.

Le 24 octobre 2007, une première série dessinée par Sid-Ahmed Bentounes portait les représentations de théâtres d’Alger, Oran, Sétif, Annaba. Le 18 mai prochain, une seconde série sera consacrée aux théâtres de Sidi Bel Abbès, Tizi Ouzou et Béjaïa. Le théâtre de Constantine, chef-d’œuvre architectural, le plus beau du genre en Algérie, construit selon le style de l’opéra italien entre 1861 et 1883, sera, encore une fois, le plus grand oublié.

Par/Arslan Selmane

El Watan



07/04/2017
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