Mobilisation pour la protection d’une grotte découverte à Amal
Une grotte d’une rare beauté a été découverte nichée à 200 mètres d'altitude au village Aït Bellemou, dans la commune d’Amal, à l’ouest de Boumerdès, suscitant une grande joie parmi la population locale qui y voit un motif pour le «désenclavement» de cette région reculée de la wilaya.
Cette joie a été, hélas, de courte durée dans cette localité de 10.000 âmes, située aux limites territoriales de la wilaya de Bouira, des informations recueillies sur place faisant état du risque encouru par ce site naturel, à cause de travaux d’une carrière mitoyenne.
Cette nouvelle a vite fait de mobiliser le mouvement associatif en vue de la sauvegarde de ce site touristique d’exception.
En effet, les habitants de la localité, soutenus par le mouvement associatif, organisent chaque week- end, des sit-in près de la carrière en question afin de revendiquer une «intervention urgente» pour l’arrêt des travaux car constituant, selon eux, une menace pour la grotte fraîchement découverte.
Mohamed Charef, président de l’association Assirem, participant à ce mouvement de protestation, a assuré à l’APS la poursuite de ce mouvement jusqu’à l’arrêt des travaux de cette carrière, eu égard à l’importance de cette découverte (grotte) et «non pour d’autres motifs», a-t-il tenu à insister.
Parallèlement à ce mouvement de protestation, des campagnes sont initiées à travers la Toile (réseaux sociaux, notamment) pour faire la promotion de cette découverte archéologique, outre l’organisation de visites guidées, sur site, au profit de la presse, a fait savoir M.Charef.
Une grotte parmi les plus belles du pays
Cette grotte, donnant vue sur la commune d’Amale, fait partie des «plus belles grottes du pays», selon des citoyens rencontrés sur place. «C’est une grotte d’une rare beauté dont on pourrait à peine soupçonner l’existence», s'est exclamé un visiteur, affirmant qu’elle ressemble, en de nombreux points, aux grottes de Tlemcen et de Bejaia.
D'autres récits rapportent que cette grotte pourrait être l’extension d’une autre située de l’autre côté de la montagne et qui aurait, soutient-on, constitué un abri pour les moudjahidine qui y furent ensevelis vivants après que l’ennemi français ait découvert leur cache.
Selon Hadj Kouider, un cadre en archéologie à la direction de la Culture de Boumerdes, l’observation préliminaire des stalagmites (péléothème qui se forme sur le sol des grottes et souterrains par la chute lente et continue d’eaux calcaires) et stalactites (qui coulent goutte à goutte) au niveau de cette grotte, présupposent que celle-ci date de millions d’années.
Après avoir estimé qu’il n’est pas «aisé» de déterminer l’âge de cette grotte, il a assuré qu’on peut la classer parmi les sites naturels et touristiques formés naturellement, à travers les époques.
Pour le président de l’association culturelle Assirem, ce site archéologique est une «opportunité réelle» pour toute la région-ouest de Boumerdes.
Un constat partagé par le président de l’association Tafath Tiza, Djelad Mokhtar, qui a souligné l’importance de préserver ce site pour son exploitation touristique, dans un objectif de désenclavement de cette région et, partant, relancer le développement en son sein, à l’image de ce qui a cours pour les grottes de Jijel et Tlemcen.
Commission technique pour déterminer l’intérêt de la grotte
Le wali de Boumerdès, Abderrahmane Madani Fouatif, a chargé récemment une commission d'experts, de techniciens et de représentants de la société civile, avec à sa tête des cadres de la direction de la Culture de la wilaya, de «l’élaboration d’un rapport détaillé sur l’intérêt géologique et historique de cette grotte».
Selon Hadj Kouider, cette commission s’est rendue sur place et a réalisé un rapport détaillé sur ce site naturel et touristique, qui sera soumis à toutes les parties concernées pour sa préservation.
En outre, le wali a assuré à l’APS que l’entreprise exploitant la carrière suscitée a été instruite à l'effet «d’arrêter provisoirement ses travaux», jusqu’à la réalisation d’une clôture autour du site avec l’envoi d’une commission d’experts qui déterminera son «intérêt archéologique, ainsi que les moyens de sa protection, sa valorisation et son exploitation par le secteur du tourisme, qui aura la charge, le cas échéant, de la gestion du site.
Par/ DK News
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