CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Plan d’urgence pour la vieille ville de Constantine

Un électrochoc pour une situation désespérée


Les dégâts occasionnés au patrimoine de la ville sont d’une ampleur inimaginable

 

L’intervention s’apparente à un électrochoc sur un corps admis aux urgences.

Moins de trois mois après son installation à la tête de la wilaya, le nouveau chef de l’exécutif, Kamel Abbes, vient de mesurer l’ampleur du désastre commis à la vieille ville de Constantine. Après des mois d’attentisme et de tergiversations de son prédécesseur, le nouveau wali vient de prendre les choses en main, en ouvrant l’épineux dossier de la réhabilitation des sites historiques de la médina.

Un dossier qui n’a cessé d’alimenter la polémique depuis son lancement. Il s’agit d’une vingtaine d’opérations, soit 79 projets, touchant des mosquées, des zaouïas, des maisons, des hammams et des ruelles pour un montant de près de 8 milliards de dinars. Un vaste chantier entamé il y a près de trois ans à la faveur de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Une entreprise qui prendra les allures d’un cauchemar pour la vieille ville et ses habitants.

Lors d’une réunion convoquée en urgence en fin de semaine dernière par le wali de Constantine, en présence de tous les secteurs concernés, et à laquelle la presse n’a pas été conviée à assister, une véritable autopsie de la situation a été opérée, avant que les principales mesures ne soient dégagées. Selon un communiqué des services de la wilaya, «le directeur de la culture a été chargé par le wali d’établir un plan d’urgence au profit du périmètre sauvegardé de la ville». Il s’agit, lit-on dans le même document, de faire un inventaire détaillé de toutes les opérations, au cas par cas, avec examen de l’avancement des travaux sur chaque site, et de dresser un ordre de priorités pour achever les chantiers ouverts et dégager tout le matériel sur les ouvrages non encore entamés.

En parallèle, un recensement de toutes les bâtisses menaçant ruine sera dressé comme première urgence. On a appris également que le wali a donné des instructions au président de l’APC de Constantine pour évacuer tous ces immeubles et fermer l’accès à toutes les artères abritant les travaux. Selon les mêmes services, toutes les opérations de réhabilitation des maisons menacées seront relancées à la charge des propriétaires, alors que l’Etat se chargera uniquement des propriétés communes. Le tout sera supervisé par le bureau d’études ayant mis en place le plan de sauvegarde de la vieille ville. La commission de wilaya chargée du suivi des projets avec l’Ogebc a été appelée à effectuer des visites sur les sites concernés.

Une dégradation irréversible

En dehors de l’état des lieux dressé pour des opérations à l’arrêt depuis deux ans, le communiqué de la wilaya se contente de mesures générales, sans aller au fond du problème, en évitant de se prononcer sur le sort de ces vestiges centenaires qui sont sérieusement menacés, à l’exemple de la mosquée Sidi Afane, vieille de onze siècles, la mosquée Kettani, à Souk El Asser, laissée dans un état déplorable, et surtout l’inclassable Djamaâ Lakhdar, actuellement méconnaissable.

On n’oubliera pas de citer les cas de la zaouïa Rahmania, complètement défigurée, ni la zaouïa Tabia, ayant subi un bradage qu’elle ne méritait pas, ni la célèbre mosquée du quartier mythique Arbaine Chérif, dont l’état fait toujours pleurer ses fidèles. Même le très connu café Nedjma, le plus ancien de la ville de Constantine, n’a pas échappé à ce massacre, bien que sa fermeture soit intervenue six mois après l’arrêt de tous les chantiers faute de financement.

Cette fermeture, qui dure depuis plus d’une année, a été une énorme erreur pour ce pan du patrimoine culturel de Constantine. Si la plupart des Constantinois demeurent encore sceptiques quant à la finalisation effective de ces opérations, les plus optimistes s’interrogent encore sur la finalité de ce plan d’urgence. Apportera-t-il vraiment les solutions à une situation chaotique qui a fait sombrer dans le coma une grande partie du patrimoine centenaire d’une ville qui ne méritait pas vraiment tout ce bradage systématique et organisé ?     

Par/Arslan Selmane

El Watan



01/01/2017
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