RENCONTRE SUR LA PROTECTION DU PATRIMOINE AU MUSEE CIRTA DE CONSTANTINE
Un pillage sans commune mesure
Il est important de lancer des actions de sensibilisation sur la préservation d’un patrimoine en péril, qui nous renseigne sur nous-mêmes, nos origines, notre passé et notre identité.
Le musée national Cirta va enfin bénéficier, très prochainement, d’un équipement de surveillance et de protection haute technologie, à la mesure des richesses inestimables qu’il recèle. C’est ce qui a été avancé lors des journées d’études, hier et aujourd’hui, initiées par cette institution (avec le soutien de la direction de la culture) sous le slogan : «La sûreté et la lutte pour la protection du patrimoine». Il faut avouer qu’il en était temps. Jusque-là, cet établissement prestigieux a échappé, par miracle, aux catastrophes pouvant aussi bien être d’origine accidentelle que criminelle telles les incendies, les inondations, la détérioration, le vol… pour ne citer que celles-ci. Dans un objectif de sauvegarde urgente, un plan de masse et de situation de sécurité interne et externe, élaboré par le personnel chargé de la gestion de l’établissement, en concertation avec la sûreté de wilaya, a été avalisé par la Protection civile, principal corps concerné par la lutte contre les sinistres.
Des précisions sur ce plan ont été livrées par la gestionnaire principale du musée, et le lieutenant Tafer, chargé de communication auprès de la Protection civile. «Le but de ces journées est d’informer et de sensibiliser le public sur l’importance cruciale de préserver ce patrimoine qui nous renseigne sur nous-mêmes, qui nous raconte nos origines, notre passé, notre identité. Sans une prise de conscience aiguë, toutes nos richesses disparaîtront», a noté Keltoum Dahou Kitouni, conservatrice du musée, en présence de représentants de la sûreté, de la Gendarmerie nationale, de la Protection civile et des Douanes. Ces corps constitués sont évidemment incontournables dans la lutte contre le trafic de pièces archéologiques qui fait rage, malgré les moyens consentis dans ce cadre par l’Etat, sans parler de tout le dispositif juridique mis en place théoriquement, mais qui demeure non appliqué dans toute sa rigueur, ne serait-ce que par rapport aux sites archéologiques, ou historiques, livrés au vandalisme en l’absence de gardiennage, à l’exemple de Tiddis ou du Tombeau de Massinissa, restauré à coups de milliards, mais qui, hélas, se trouve aujourd’hui dans un état de dégradation avancé.
De son côté, le divisionnaire de la police des frontières, Salim Mansouri, a fait part, dans sa communication, «Les crimes liés aux vestiges», de la création d’équipes spécialisées, pluridisciplinaires, composées de cadre formés en archéologie et autres matières subsidiaires, tout en insistant sur la présence d’un de ces cadres au niveau des aéroports pour authentifier sur place les pièces retrouvées dans les bagages de citoyens. Des chiffres édifiants ont été révélés par le responsable de la cellule de la protection du patrimoine archéologique au niveau du commandement de la 5ème région de la Gendarmerie nationale de Constantine. Au moins 700 affaires liées à ce trafic sont en cours de traitement judiciaire, entre détournements, fouilles illicites, trafic de pièces archéologiques, etc. Pour sa part, Hocine Taoutaou, maître de recherche au CNRPH, a relevé l’absence totale de sécurité, à tous les niveaux, encore moins sur les sites archéologiques, «même si, dit-il, des positions encourageantes commencent à émerger dans ce sens depuis quelque temps».
Farida Hamadou
Le 09.05.13
El Watan
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