CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Timbres de solidarité avec les peuples colonisés

Souvenirs de la «Mecque des révolutionnaires»


Lors d’une conférence de presse animée à Alger en 1968, le leader de la lutte pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, Amilcar Cabral, déclarait : «Les musulmans vont en pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de libération nationale à Alger.»

Cette citation historique deviendra pendant plusieurs années une sorte de «titre de fierté» pour des générations d’Algériens qui ont vécu l’âge d’or de la diplomatie algérienne durant les années 1960 et 1970.

Une diplomatie naissante mise au service des causes justes, en soutien aux peuples colonisés et victimes de l’impérialisme et du racisme par un pays qui vient de décrocher son indépendance après sept ans de guerre. Durant cette période, Alger, qui a accueilli les leaders de 27 mouvements révolutionnaires de par le monde, a vu le passage et l’installation des plus célèbres : Black Panthers, Che Guevara, Nelson Mandela, Amilcar Cabral, Yasser Arafat, mais aussi des représentants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Gouvernement révolutionnaire provisoire du Vietnam du Sud (GRP) et le Front de l’unité nationale khmère (FUNK), dirigé par le prince Norodom Sihanouk.

On citera également des organisations comme le Swapo (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain — qui deviendra la Namibie), l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU), le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), le Front de libération du Mozambique (Frelimo), le Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud et le Front de libération de la Saguia El Hamra et de Rio de Oro (Polisario) du Sahara occidental.

On y trouve même ceux parmi les moins connus, comme le Front de libération du Québec (FLQ). Si pour la jeune génération cette histoire reste très peu connue, les nostalgiques de cette époque se rappellent encore de ces beaux souvenirs qui subsistent encore dans le catalogue philatélique algérien. Parmi les timbres les plus connus, on retrouve celui consacré à la résistance du peuple palestinien à travers un hommage rendu aux victimes du massacre de Deir Yassin, perpétré le 9 avril 1948. Une vignette réalisée par le regretté Choukri Mesli et émise le 24/9/1966. L’un des timbres les plus marquants de cette collection demeure sans conteste celui réalisé en hommage au peuple vietnamien, sorti le 17/2/1973, portant la carte du Vietnam et l’effigie du leader Ho Chi Minh. Suivra une série de timbres réalisés par les plus célèbres artistes peintres algériens, à l’instar de M’hamed Issiakhem, en solidarité avec l’Angola (21/2/1976) et Ismaïl Samsom, qui a dessiné une figurine en solidarité avec le peuple sahraoui (13/3/1976). Les mêmes sujets de l’emblème, la carte géographique, y reviennent.

Un thème repris la même année par Ali Mechta dans une figurine dédiée au peuple palestinien. De son côté, le grand artiste Ali Ali-Khodja choisira de mettre en exergue le combat armé dans deux timbres consacrés au peuples du Zimbabwe et de la Namibie (10/3/1977). Issiakhem reviendra en 1982 pour réaliser une figurine dédiée à l’enfant palestinien, avant que Kamreddine Krim ne boucle la boucle par un timbre célébrant la victoire du peuple namibien sorti le 8/11/1990.

Pour ceux qui s’intéressent à ce que les spécialistes appellent «l’histoire anticoloniale de l’après-indépendance», ils n’ont qu’à voir le documentaire très instructif et très bien élaboré sorti en 2017 intitulé Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974), produit par Yannis Chebbi et réalisé par Mohamed Ben Slama, d’après une idée d’Amirouche Laïdi. Une œuvre qui mérite d’être diffusée dans les lycées et les universités algériennes.

Par/Arslan Selmane

El Watan le 05 juillet 2018



01/08/2018
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