CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Anciennes mosquées d’Algérie

Un patrimoine architectural relégué aux oubliettes


En l’an 678, les conquérants arabes, commandés par Abu Al Muhajer Dinar, s’emparent de la ville de Mila, où ils vont s’établir durant près de deux ans. Ils décident de construire la première mosquée en Algérie de style omeyyade à Sidi Ghanem. Elle sera la deuxième plus vieille mosquée d’Afrique du Nord, après celle de Kairouan édifiée en 670. Citée par plusieurs historiens et voyageurs, la mosquée, née sur les ruines d’un ancien forum romain, est d’une extrême richesse architecturale, qui cumule plusieurs civilisations.

Aujourd’hui encore, on ignore l’importance historique de ce lieu de culte laissé à l’abandon, et qui risque d’être perdu, après plus de 1330 ans d’existence. Sidi Ghanem n’a jamais fait l’objet de la moindre attention du service d’Algérie Poste pour figurer sur un timbre, comme bien d’autres sites. Tout compte fait, seules onze mosquées anciennes ont gagné une place dans le catalogue philatélique algérien, sur une vingtaine d’édifices religieux parmi les plus anciens d’Algérie.

C’est la Grande Mosquée de Tlemcen, construite en 1136, qui aura l’honneur d’être le premier lieu de culte porté sur une figurine postale de l’Algérie indépendante. C’était dans la série d’usage courant émise le 01/11/1962. On la retrouvera plus tard dans la série parue le 28/11/1970, consacrée aux mosquées, œuvre de Bachir Yelles. Ce dernier a également dessiné, dans la même série, la mosquée de Sidi Okba, dans la wilaya de Biskra.

Le site, d’une grande valeur historique, édifié en 686, abrite la seconde plus ancienne mosquée d’Algérie, née huit ans après Sidi Ghanem. L’édifice, qui fait partie d’un complexe réalisé autour du tombeau d’Okba Ibn Nafaâ, illustre le style médinois. L’emblématique mosquée Ketchoua, construite en 1436, fera son entrée dans cette thématique des mosquées grâce au même Bachir Yelles, dans un timbre qui a vu le jour le 26/6/1971.

Avec La Casbah, ce lieu, faisant partie du patrimoine mondial de l’Unesco, est l’un des symboles les plus en vue dans la ville d’Alger. Transformée en 1832 en cathédrale Saint-Philippe, elle redeviendra mosquée en 1962. La première prière solennelle du vendredi y a été célébrée le 2 novembre 1962 sous la direction de Cheikh Bachir Ibrahimi. Grâce au timbre, les philatélistes algériens découvriront d’autres lieux historiques dans la fameuse série « Vues d’Algérie avant 1830», parue entre 1982 et 1984.

On retrouve Djamaâ Ejedid, construit en 1660 et la mosquée Sidi Abdarrahmane à Alger, remontant à 1696 et celle de Sidi Boumediène à Tlemcen, édifiée en 1339. Remise au placard, la thématique des lieux de culte reviendra 26 ans après, dans une émission sortie le 15/9/2010, consacrée aux mosquées El Hanafi à Blida, Sidi Ali Dib de Skikda et la Grande Mosquée de Nedroma, construite en 1145. Cette dernière est l’un des seuls monuments de l’époque almoravide subsistant à ce jour avec la Grande Mosquée d’Alger et la Grande Mosquée de Tlemcen.

La dernière émission philatélique du 28/5/2015 fera connaître la Mosquée El Atik de Ghardaïa bâtie en 1053 et la Mosquée El Atik de Metlili remontant au IIIe siècle de l’hégire. Dans cette liste, on déplore les oublis monumentaux de la mosquée millénaire de Sidi Boumerouane de Annaba, édifiée en 1033, et qui tient son nom du saint homme Sidi Abû Marwân, qui arriva dans la ville de Annaba en 1087 et il y mourut en 1111.

Les connaisseurs et les profanes ne trouvent aucune justification pour l’omission qui a touché la Grande Mosquée d’Alger ou Djamaâ El Kebir, construit en 1097 à l’époque des Almoravides par Youcef Ibn Tachfin et qui demeure jusqu’à ce jour le plus ancien lieu du culte à Alger. Parmi les lieux de culte toujours classés dans les oubliettes de l’histoire philatélique algérienne, on relève ceux de Constantine, dont le plus ancien d’entre eux, Djamaâ El Kebir de la rue Larbi Ben M’hidi, datant du XIIIe siècle, mais aussi ceux de Souk El Ghezel (1730), Djamaâ Lakhdar (1743) et Sidi El Kettani, œuvre de Salah Bey en 1776.

On n’omettra pas de citer la mosquée Sidi Belahcene de Tlemcen, remontant à 1296 et transformée en musée, la mosquée Salah Bey de Annaba, ouverte en 1791, mais surtout les trois célèbres mosquées d’Oran, celles de Hassan Pacha (1792), celle de Bey Mohamed El Kebir, construite en 1792 sur le plateau de Kharguentah, et celle de l’imam El Houari, érigée en 1799 en l’honneur du saint patron de la ville.

Par/Arslan Selmane

El Watan



09/03/2017
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