CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Biens culturels protégés

Un patrimoine à faire sortir des oubliettes


Cinq nouveaux sites viennent d’être classés dans le long inventaire officiel des biens culturels protégés en Algérie. Une bonne chose pour des monuments tirés de l’anonymat pour être mieux sauvegardés, même si de nombreux vestiges parmi ces derniers sont tombés en ruine, s’ils n’ont pas complètement disparu.

Par arrêté du 17/6/ 2017 paru au Journal officiel n°57 du 12/10/2017, on retrouve dans cette liste le siège de l’APC de Skikda, ex-hôtel communal conçu par Charle Montaland en 1931, ainsi que le siège de la Poste centrale et la gare ferroviaire de la même ville, inaugurés respectivement en 1938 et 1937, le siège de l’université Alger 1 – Benyoucef Benkhedda (ex-faculté centrale) et la maison de l’artiste-peintre Mohamed Khadda. Une bonne nouvelle, surtout pour la ville de Skikda qui mérite que son patrimoine culturel soit mis en valeur. Le plaisir est également partagé par les philatélistes, car parmi les joyaux architecturaux choisis, deux ont déjà été des sujets de timbres. Il s’agit du siège de la gare ferroviaire de Skikda, faisant partie d’une série (avec les gares d’Alger,

Oran et Constantine) émise le 9/7/2008, et la faculté d’Algérie, sujet d’un timbre paru le 11/5/2009 à l’occasion du centenaire de cet établissement fondé en 1909. Alors que le timbre demeure le meilleur moyen pour valoriser des sites naturels, des vestiges archéologiques et historiques, des monuments culturels et cultuels, le catalogue philatélique algérien est devenu le guide par excellence pour en faire la découverte, mais aussi la promotion. Un petit aperçu sur la liste officielle montre que sur un total de 381 biens culturels protégés en Algérie, près d’une cinquantaine de sites ont trouvé place dans l’histoire de la philatélie nationale.

C’est la Grande mosquée de Tlemcen qui ouvre cette longue série entamée dès le 1/11/1962 avec la première émission à usage courant, reprise d’une série parue entre 1959 et 1962.

Depuis, cette thématique à part entière, qui fait toujours le bonheur des collectionneurs passionnés, n’a cessé de s’enrichir durant les années 1960 et 1970 par les illustrations des gravures rupestres du Tassili N’ajjer, le minaret de la Kalaâ de Beni Hammad à Msila, le site de Sedrata à Ouargla, les magnifiques rivages de Tipasa, les ruines de Timgad à Batna et de Djemila à Sétif, la mosquée Ketchaoua à Alger, les splendides gorges du Rhumel de Constantine, la médersa de Sidi Boumediène à Tlemcen, le palais du Dey d’Alger, et les gorges d’El Kantara à Biskra. L’originalité de cette collection sera révélée encore dans les années 1980 et 1990.

On découvrira ainsi le merveilleux Canyon du Ghoufi dans les Aurès, des sites d’Alger, comme Djamaâ Djedid, la mosquée Sidi Abderrahmane Thaâlibi, la fontaine de l’Amirauté, Dar Mustapha Pacha, le palais des Raïs, la villa Abdeltif et La Casbah. Comme dans un véritable voyage, le philatéliste trouve un plaisir à visiter sur le timbre la mosquée Sidi Boumediène à Tlemcen, la Vallée du M’zab à Ghardaïa, la mosquée de Sidi Okba à Biskra, les gravures rupestres de l’Atlas à Aïn Naga et Zeccar dans la région de Djelfa, le mausolée de Maurétanie à Tipasa, le mausolée royal de Soumaâ à El Khroub (Constantine) et la belle Corniche jijelienne.

D’autres sites rejoindront le catalogue philatélique algérien depuis les années 2000, à l’exemple du ksar de Sidi Ouali à Tamentit, dans la région du Touat (Adrar), le ksar de Kenadsa à Béchar et le ksar Temacine à Ouargla. Côté histoire, on retiendra les sites archéologiques de Madaure et de Khemissa à Souk Ahras, le Théâtre romain de Guelma et le Fort de l’empereur et Bordj El Kiffan à Alger. Les merveilles naturelles sont les plus présentes, à l’instar du jardin Ibn Badis (ex-Promenade de Létang) à Oran, et le Jardin d’essai du Hamma à Alger, les Grottes merveilleuses de Ziama Mansouriah (Jijel), et celles de Béni Add à Aïn Fezza (wilaya de Tlemcen).

On notera aussi un intérêt pour les lieux de culte et les vieilles villes à travers des timbres illustrant la Grande mosquée de Nedroma, le minaret du Mansourah à Tlemcen, la porte de Sarrasine dans la Casbah de Béjaïa et la Casbah de Constantine. Le palais du Bey de Constantine sera le dernier monument illustré lors de l’événement de la culture arabe abrité par la ville durant l’année 2015-2016. Dans cette saga, on relèvera quand même que des wilayas classées dans le top 10 n’y figurent même pas ou sont rarement représentées, à l’exemple d’Oran (3e place) malgré ses 32 sites, de Tébessa qui compte 22 sites (5e place) ou Batna avec 16 sites (7e place), Biskra et ses 16 sites (8e place), ou encore Guelma et ses 13 sites (9e place) et Mascara, la capitale de l’Emir Abdelkader avec 12 sites qui se trouve complètement absente. Des sites d’une grande valeur historique n’ont jamais été portés sur timbre. On citera, entre autres,

Le palais du Mechouar à Tlemcen, Le Medracen et les monuments de Lambaesis à Tazoult (Batna) et le tombeau de Tin Hinan à Abalessa dans la région de Tamanrasset. Comme il y a toujours des paradoxes dans ces classifications, on terminera par une anecdote, pour noter que Mohamed Khadda, dont la maison, qui abrite son atelier, vient d’être classée bien culturel protégé, est le seul parmi les fondateurs de l’art moderne algérien dont aucune de ses œuvres n’avait été choisie pour figurer sur un timbre-poste.

Par/Arslan Selmane

El Watan



27/10/2017
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