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Collection de vignettes

L’érinnophilie, une thématique riche et inédite

 

Parmi toutes les thématiques touchées par le timbre algérien, l’histoire demeure l’un des domaines les plus vastes, les plus riches, mais surtout les plus captivants. De quoi alimenter aussi les passions de certains philatélistes «très avertis», dont la curiosité, mais aussi l’ingéniosité, ont permis de révéler des découvertes inédites au prix de minutieuses explorations.

C’est le cas de Salim Hamza, un philatéliste constantinois chevronné, bien connu à l’échelle nationale, qui, outre son intérêt pour la philatélie classique, a choisi de s’investir dans une collection très peu connue, qu’il œuvre à vulgariser auprès du public profane à travers les expositions qu’il a animées à diverses occasions.

Il s’agit de l’érinnophilie ou la collection de vignettes non postales. Une passion qui provient du mot allemand «erinnern», qui veut dire « se souvenir». Pour Salim Hamza, il ne s’agit pas seulement d’une thématique, mais d’une collection à part entière.

L’érinnophilie s’intéresse, selon Salim, aux étiquettes et aux vignettes. Ces dernières peuvent être très proches des timbres-poste, mais n’ont aucun pouvoir d’affranchissement. Notre collectionneur explique qu’on peut les diviser en plusieurs catégories : les vignettes du Croissant-Rouge, les vignettes patriotiques servant aux propagandes militaires, les vignettes commémoratives et les vignettes publicitaires.

Evoquant les débuts de son intérêt pour cette collection, Salim rappelle les premières vignettes découvertes dans des lots de timbres pour échanges, avant de se tourner vers celles proposées à l’achat dans les écoles. Aujourd’hui, il détient une collection riche et variée divisée en thèmes différents : Croissant-Rouge, vignettes commémoratives et érinnophilie mondiale.

Un véritable «trésor» qui mérite une sérieuse étude. Il rappelle avoir exposé une fois les vignettes du Croissant-Rouge algérien à travers une petite collection intitulée «Les vignettes du Croissant-Rouge algérien : des timbres au service de la santé ».

Salim fera noter que l’érinnophilie peut être considérée comme le prolongement de la philatélie, car les vignettes non postales représentent dans tous les domaines une source remarquable de documentation pour ceux qui font des recherches sur l’histoire d’un pays comme l’Algérie. Au fil de ses recherches, Salim Hamza nous fait découvrir un fait historique remarquable.

C’est que le FLN a bel et bien imprimé des vignettes destinées à la collecte de fonds durant la guerre de libération. Il nous cite l’exemple de cette vignette gommée du Croissant-Rouge algérien, de couleurs vert et rouge, de format 25 mm x 16,5 mm, percée en ligne, avec texte en arabe et l’en-tête «Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en Algérie», montrant une carte des côtes de l’Algérie et les noms des principales villes d’Algérie et des pays limitrophes. Salim précise que l’usage et la date d’émission de cette vignette demeurent inconnus, même si elle est présentée de manière erronée dans les ventes comme «timbre du FLN».

Il est vraisemblable qu’elle servait à collecter des fonds. A travers la collection et l’étude des vignettes, notre collectionneur révèle qu’il a compris le rôle noble et humanitaire du Croissant-Rouge algérien, qui, par l’émission et la vente de ces vignettes, contribuait à un élan de solidarité national non seulement pour la santé, mais aussi durant les événements tragiques, séismes et catastrophes naturelles. Et même sur le plan international, où des vignettes ont été imprimées pour soutenir les peuples opprimés, tel celui de Palestine.

Sa passion s’est agrandie pour cette thématique, ce qui l’a poussé à faire des recherches plus approfondies sur le CRA, créée en 1956, et qui a joué un rôle important durant la guerre de Libération nationale. Salim déplore qu’il n’existe aucun catalogue pour classer et répertorier ces vignettes, avec des informations sur la date de leur impression, leur dessinateur, leur imprimeur, leur tirage et autres détails importants, ce qui oblige les collectionneurs à persévérer dans leurs recherches.

Il regrette que le Croissant-Rouge algérien ait cessé ces dernières années d’émettre des vignettes. Ces dernières ont une vocation historique et contribuent à ancrer dans les mœurs un élan de solidarité nationale à travers toutes les couches de la population, à commencer par les écoliers, comme ce fut le cas par le passé.

Ceux des années 1960 et 1970 se rappellent toujours de cette belle époque où ils insistaient auprès de leurs parents pour leur donner ce dinar, symbole d’une Algérie forte et prospère. Une monnaie que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent même pas. Avec cette pièce, ils achetaient ces jolies vignettes du Croissant-Rouge algérien, qu’ils collaient fièrement sur les pages de leurs cahiers.

Par/S.Arslan

El Watan 26 juillet 2018



01/08/2018
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