CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Des preuves de céréaliculture vieilles de 4500 ans

 

L’idée que l’agriculture céréalière s’est développée durant les périodes historiques, c’est-à-dire il y a environ 2200 ans, est jusqu’à aujourd’hui communément admise dans les milieux scientifiques et historiques.

Cette donnée est celle dont nous disposons à travers les textes et l’épigraphie antiques. Cette thèse vient d’être sérieusement remise en cause par les dernières découvertes de l’archéologue algérien Farid Kherbouche, chercheur au CNRPAH et directeur des fouilles archéologiques du site de Gueldaman, cette grotte préhistorique sise dans le massif du Gueldaman, non loin d’Akbou, qui a déjà livré bien des secrets sur le néolithique dans notre pays. «Pour le moment, nous avons examiné seulement les macro-restes végétaux issus des niveaux sédimentaires datés à 4500 ans avant l’ère actuelle (2500 av JC) et nous y avons identifié des grains de blé fossiles carbonisés qui témoignent d’une agriculture céréalière», dit Farid Kherbouche.

Mieux encore, les études actuelles pourraient révéler une activité agricole céréalière beaucoup plus ancienne. «Nous sommes en train d’examiner des niveaux archéologiques vieux de 7000 ans et on soupçonne fortement la présence de restes paléobotaniques, c’est-à-dire de grains fossiles témoignant d’une agriculture plus ancienne», dit notre archéologue. On sait que l’agriculture céréalière a atteint un niveau d’exploitation exceptionnel du temps du roi de Numidie, Massinissa (238 av JC-148 av JC).

La production dépassait très largement les besoins internes, au point d’en exporter l’excédent vers des contrées lointaines. S’il fallait une autre preuve d’une agriculture céréalière prospère en Afrique du Nord, Farid Kherbouche est allé la chercher en Grèce, sur l’île sacrée de Delos, où des inscriptions gravées dans le marbre, retrouvées et photographiées par ses soins, attestent que l’aguellid Massinissa, fils de Gaïa, a fait des dons de blé aux habitants de Delos. «Massinissa a beaucoup exploité et développé la filière céréalière et exportait notamment vers la Grèce», dit-il.  Docteur en physicochimie des solides et docteur en archéologie préhistorique, Farid Kherbouche estime qu’il est impératif de se tourner vers les recherches archéologiques et continuer à interroger les archives sédimentaires de nos sites pour qu’on puisse un jour accéder à la véritable histoire de notre pays. «Nous avons quasiment épuisé toutes les connaissances qu’on pouvait extraire des textes anciens. Les débats entre savants ne tournent presque que sur des nuances grammaticales ou de rares découvertes épigraphiques. A présent, il faut se tourner vers le contenu des archives sédimentaires.

Elles sont d’une richesse exceptionnelle et elles peuvent nous donner des réponses sur des aspects économiques, culturels, symboliques, rituels, climatiques, etc.», soutient-il. «Il faut débarrasser notre histoire du regard colonial réducteur et méprisant hérité depuis l’époque romaine. Connaître notre véritable Histoire nous permettra de nous assumer tels que nous sommes et nous laissera sereinement aller de l’avant», conclut-il. Farid Kherbouche souligne également l’urgence de sauvegarder ce patrimoine. Selon lui, la grotte de Gueldaman, dont l’entrée principale a été grillagée, a été forcée à trois reprises par des curieux.

«C’est un chantier ouvert depuis 2010. Si des intrus piétinent les sols des fouilles et occasionnent le remaniement des niveaux archéologiques, cela sera d’une gravité extrême pour la connaissance de notre patrimoine archéologique et historique». D’où la nécessité pour les pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour protéger ce site et ses aménagements.
 

Par/Djamel Alilat

El Watan

 



25/03/2016
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