CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Hommage au grand dramaturge Abdelkader Alloula


L'ASSOCIATION MARAY CULTURE DE CONSTANTINE

À l'initiative de l'association Maraya culture de Constantine et dans le cadre de l'atelier de formation théâtrale qu'elle organise depuis le 8 octobre courant, une intéressante communication a été assurée jeudi dernier, au Centre culturel Mohamed Laïd Al Khalifa de Constantine par Raja Alloula, veuve du défunt dramaturge algérien inoubliable Abdelkader Alloula, portant sur la vie personnelle et le parcours artistique de feu son époux, ami et collègue de longue date.

Devant une dense assistance composée de jeunes universitaires, l'intervenante n'a point cherché ses mots pour relater avec tant de fierté et spontanéité l'itinéraire légendaire héroïque de l'homme ayant été un créateur incontesté du théâtre pour que nul n'oublie qu'il était généreux, modeste, qu'il ouvrait la porte aux nouvelles générations. Le militantisme continu du père des humbles a été relaté par la conférencière. D'un esprit libre, Abdelkader Alloula, né en 1929 à Ghazaouet, a animé durant plus de trente années un théâtre en en arabe populaire résolument inscrit dans la vie de la cité. Tour à tour acteur, metteur en scène et auteur dramatique, il fut également administrateur de théâtre et directeur de troupe. Le jeune Alloula s'initie au théâtre amateur au lycée, suit un stage d'art dramatique en France et rejoint le Théâtre National algérien à sa création en 1963. Comédien, il joue sous la direction de Mustapha Kateb (Les Enfants de la Casbah et Le Serment de Abdelhalim Raïs, Hassen Terro de Rouiched, La Vie est un songe de Calderon, Dom Juan de Molière), de Allel el-Mouhib (Roses rouges pour moi de Sean O'Casey et La Mégère apprivoisée de Shakespeare), et de Hadj Omar (Les Chiens de Tom Brulin).

Poursuivant ses réflexions sur le théâtre populaire, il interroge la forme traditionnelle de la halqa (la ronde des spectateurs autour du conteur, sur les places de marché au Maghreb) qui privilégie selon lui «le récit, le dire à la figuration de l'action».

Drôle et truculent, l'arabe populaire d'Alloula a la vitalité de la langue parlée et la rigueur de la langue écrite, comme en témoigne la trilogie, tout à la fois épique et réaliste, des Généreux, composée d'El-Agoual (Les Dires, 1980), El-Adjouad (Les Généreux, 1985) et El-Litham (Le Voile, 1989). Après Arlequin valet de deux maîtres de Goldoni en 1993, il était en train de développer une version du Tartuffe de Molière lorsqu'il est assassiné le 10 mars 1994, sur le chemin du Palais de la Culture d'Oran où il devait donner une conférence. Abdelkader Alloula a succombé quatre jours plus tard et son enterrement a donné lieu à une imposante marche dans les rues d'Oran. Elle dira ainsi : «Alloula est touché à la jugulaire et à la base du crane au niveau du «rocher», centres vitaux de la pensée, de la raison et de la vie. Il tombe sur le trottoir de la rue de Mostaganem à 50 mètres du domicile familial pour ne plus… se relever. Alloula donne le 16 mars 1994, la plus belle et la plus grandiose des GÉNÉRALES : Oran sort pour enterrer son fils chéri. Ils sont venus de tous les coins de l'Algérie pour lui dire adieu, pour le pleurer, pour crier à l'injustice du crime commis, persuadés qu'ils le retrouveront à travers son œuvre artistique et humaniste, tantôt sur les planches du théâtre, ou avec les enfants cancéreux, les droits de l'Homme, les veuves et les orphelins…».

Corporellement, Alloula est parti, mais il demeurera immortel au fond des cœurs d'un public qu'il a tant aimé à travers une œuvre artistique riche et sublime.

A. Ferkhi



22/10/2011
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