Il y a 167 ans, la bataille de Zaâtcha
Quand l’ignorance vient narguer l’histoire
Dans un monde où les réseaux sociaux sont en passe de devenir un 5e pouvoir, une polémique est toujours la bienvenue. Après l’épisode de la fameuse histoire du livre écrit par une pharmacienne pour raconter l’histoire d’un Bachagha, dont l’histoire continue de faire des remous parmi les historiens, après les mauvaises histoires d’oreilles et de têtes coupées, il y a de quoi se faire de fâcheuses histoires (encore une histoire de longue phrase).
C’est pour cette raison que nous avons choisi de revenir à l’histoire dans cette chronique philatélique. Quelque part en Algérie, il y a toujours des Algériens qui ignorent encore l’histoire de leur pays, au point de se faire de sérieux soucis. C’est le cas aussi de l’administration postale algérienne, dont le service philatélique a superbement ignoré durant des décennies les résistances populaires, ce qui représente quand même des dizaines d’ouvrages et des centaines de documents s’étalant sur près de 90 ans d’histoire.
Un bilan insignifiant qui compte six timbres émis à partir de 1998. Le timbre qui nous concerne ici est celui qui a été consacré à la bataille de Zaâtcha, émis le 20/5/1998. Sid-Ahmed Bentounes avait signé dans cette figurine l’une de ses meilleures œuvres. Une toile frappante et choquante d’une des phases meurtrières de la conquête de l’armée française dans la région des Ziban. Le timbre illustre l’attaque perpétrée contre la palmeraie qui abritait les troupes de Cheikh Bouziane, et la confrontation sanglante entre les deux parties.
La bataille de l’oasis de Zaâtcha, située à 30 km de Biskra, survient après un long siège de 52 jours, qui a commencé le 7 octobre 1849 avec l’arrivée du général Herbillon, suite aux échecs des premières tentatives d’entrer dans l’oasis depuis juillet de la même année. L’armée française avait dû mobiliser trois régiments et quatre bataillons forts de 7000 hommes, contre 400 hommes dirigés par Cheikh Bouziane, pour donner l’assaut final dans la nuit du 25 au 26 novembre 1849, après l’ouverture de trois brèches dans la muraille de l’oasis. Après des combats terribles, rue par rue, et maison par maison, les Français réussirent à prendre l’oasis.
Par désir de vengeance contre leur résistance farouche, un massacre d’une horreur inouïe sera commis à l’encontre des habitants. Décrit par des historiens français, il n’épargnera ni les femmes ni les enfants et encore moins les bêtes. Même les palmiers seront incendiés. Il ne restera plus rien de l’oasis de Zaâtcha. Après l’exécution de Cheikh Bouziane, son fils, son lieutenant et quelques-uns de ses compagnons auront la tête coupée sur ordre du général Herbillon, têtes qui seront exposées sur la place du marché de Biskra durant trois jours.
Leurs crânes et ceux d’autres résistants algériens sont conservés à ce jour au Musée national d’histoire naturelle de Paris. Si la bataille de Zaâtcha restera comme l’une des plus meurtrières dans l’histoire de la conquête française en Algérie, où on la compare avec celle qui s’est déroulée lors de la prise de Constantine en 1837, la région des Ziban connaîtra d’autres résistances, dont celle d’Oued Beraz en 1849, puis celle d’El Amri en 1876.
Cette dernière sera matée avec l’aide précieuse des bachaghas, dont on veut soigner l’image 150 ans après. Avec six timbres sur la bataille de Zaâtcha, Lalla Fatma N’Soumer, les résistances d’El Mokrani, Bouamama, Belhaddad et Ahmed Bey, on est loin de rendre sa vraie valeur à notre glorieuse histoire.
Par/Arslan Selmane
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