CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Image de la femme sur les timbres algériens (première partie)

Quand l’histoire demeure le parent pauvre de la politique


Une sacro-sainte tradition s’est ancrée en Algérie depuis des années, qui veut que tous les feux de la rampe soient braqués en ce mois de mars sur les femmes et à toutes les occasions. Bien que nous ayons toujours réservé une place à la femme dans cette chronique, en traitant diverses thématiques philatéliques, nous profitons cette fois-ci pour aborder un sujet qui intéressera probablement la gent féminine. Nous voulons parler de l’image de la femme algérienne sur les timbres-poste. Celle que l’on a souvent véhiculée et celle que l’on a voulu aussi donner d’elle. En revenant aux premières années de l’indépendance, on ne manquera pas de soulever ce fait marquant.

La première apparition de la femme algérienne sur une vignette postale n’a pas été une fortuite coïncidence. Le grand artiste-peintre Ali-Khodja, qui s’est vu confier cette mission, était bien inspiré en réalisant un timbre fortement symbolique, émis le 1/11/1963, à l’occasion du 9e anniversaire de la Révolution, révélant l’image de la femme combattante au maquis, en tenue de combat, une arme à la main.

Cette image, belle et héroïque, sera relayée, trois ans plus tard, par celle de la veuve du martyr, représentée sur deux timbres réalisés par Mohamed Racim et parus le 20/8/1966, à l’occasion de la Journée du moudjahid. Malheureusement, en 56 ans, la Poste n’a pas trouvé mieux que trois timbres pour célébrer le rôle de la femme algérienne durant la guerre de libération. Un triste bilan. Des femmes qui ont sacrifié leur jeunesse, leur famille et leur avenir pour défendre la cause de leur pays. Elles sont très nombreuses ces femmes tombées en martyres, ou ayant souffert des affres des prisons, de la torture et de l’exil pour finir leur vie oubliées.

D’ailleurs, moins de trois ans après l’indépendance, la page sera très vite tournée pour «ouvrir les portes et les fenêtres» sur une autre époque. Comme quoi l’histoire est toujours boudée quand il s’agit de parler des femmes. Paradoxalement, en deux décennies, le catalogue philatélique algérien sera truffé de séries de timbres «de luxe», où la beauté de la femme algérienne est étalée dans toute sa splendeur. La palme revient surtout au grand miniaturiste, Mohamed Racim, qui montrera toute sa classe sur les timbres parus le 25/12/1965 (musiciennes et princesses), et le 17/12/1966 (toilette de la mariée). Impressionné par la beauté des paysages et l’intensité de la lumière dans la région de Bou Saâda, Nasredine Dinet consacrera aussi une grande partie de ses œuvres aux femmes.

La Poste algérienne en profitera pour tirer le bon parti, en décidant d’émettre un timbre qui fera date. Celui des trois femmes voilées, accompagnées d’un jeune enfant et guidées par une vieille au visage découvert cuivré par le soleil. Emboîtant le pas à Racim, Bachir Yelles fera encore mieux, en choisissant le thème des costumes féminins à travers trois séries parues en 1971 (femme des Aurès et femme de Djebel Amour), en 1972 (femme kabyle et femme de Tlemcen) et 1975 (femme d’Alger, femme du Hoggar et femme de l’Oranie).

Seules deux femmes ont réussi à se faire une place dans ce gotha. Il s’agit de Baya Mahieddine, grâce à ses deux timbres illustrant une mère et un enfant (1969 et 1973), et Souhila Belbahar, qui a consacré un timbre intitulé «En hommage à nos mères», sorti en 1974. Bien qu’il s’agisse de femmes, ce sont les artistes hommes qui se chargeront de véhiculer l’image de la femme du fellah qui apparaît sur les timbres de la période socialiste.

On citera surtout l’exemple de celui émis en 1973, réalisé par Sid Ahmed Bentounes, et qui glorifie la «défunte» Révolution agraire, dont le souvenir est évoqué de nos jours avec un certain mépris de la part même de ceux qui en avaient loué les bienfaits à une certaine époque.

Par/Arslan Selmane

El Watan



05/04/2018
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