CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Journée nationale de l’artiste

Honneur aux femmes

Dans une précédente chronique qui lui avait été dédiée, nous avions soulevé le fabuleux parcours de l’artiste-peintre Baya Mahieddine (1931-1998).

Une femme dont les œuvres, qui garnissent les galeries des musées nationaux et dans le monde, ne cessent de marquer l’histoire de l’art en Algérie. Baya Mahieddine sera la première femme artiste qui fera son entrée dans le catalogue philatélique algérien depuis l’indépendance. Ce fut à l’occasion de l’émission d’un bloc feuillet illustrant son portrait et une de ses œuvres, réalisé par Kamreddine Krim et paru le 8 juin 2008, sous le thème «Œuvres d’art des musées nationaux». Si cette célébration a été saluée à l’époque, elle ne connaîtra pas de suite, tant que les femmes artistes, tous domaines confondus, demeurent terriblement absentes sur le timbre algérien. On ne sait pas encore par quel hasard, la Poste algérienne a décidé de rendre cette année «un hommage philatélique» à deux sommités de l’art en Algérie, dont l’une est restée dans l’oubli durant des décennies. Ainsi, une nouvelle émission est prévue aujourd’hui 8 juin, Journée nationale de l’artiste, pour rappeler la mémoire de la grande cantatrice Fadhila Dziria, la diva du chant hawzi en Algérie. De son vrai nom Fadhila Madani, Fadhila Dziria est née le 25 juin 1917 à Alger. Elle s’intéresse à la chanson dès son jeune âge, en commençant déjà à l’âge de 12 ans par imiter la pionnière et première diva algérienne, mais surtout la première femme à porter le titre de maâlma, Cheikha Yamna Bent El Hadj Mahdi (1850-1933), qui marqua fortement son époque. Après un mariage précoce qui n’a pas duré, Fadhila décide de se consacrer à son art en s’installant à Paris dès 1935 pour animer des soirées dans les quartiers à forte concentration maghrébine.

C’est là qu’elle commence à apprendre des genres de la musique algérienne grâce à Abdelhamid Ababsa. A son retour en Algérie, elle intègre le groupe de Meriem Fekkaï, avant de connaître une percée fulgurante avec l’enregistrement, en 1949, de son premier disque Mal hbibi malou, qui sera un grand succès. Alors qu’elle fut durant des années la grande cantatrice de la chanson hawzie à Alger, mais aussi dans le reste du pays, Fadhila Dziria avait montré des talents de comédienne, où elle apparaît dans des pièces de théâtre et des œuvres de la Télévision aux côtés de Keltoum, Rachid Ksentini et Mohamed Touri. Peu d’Algériens savent que cette artiste a été une militante du FLN, chargée de la collecte de fonds durant la Guerre de Libération, avec sa sœur Goucem. Elle sera arrêtée et incarcérée à la prison de Barberousse (actuellement Serkadji). Après l’indépendance, elle forme son propre ensemble musical et reprend sa participation à la radio et à la télévision. Elle meurt chez elle à Alger le 6 octobre 1970. Le deuxième timbre sera consacré à la dernière diva de la chanson arabe, Warda El Djazaïria, dont on a célébré récemment le cinquième anniversaire de sa disparition. Une artiste qui a laissé son empreinte dans l’histoire de la chanson arabe. De son vrai nom Warda Fatouki, elle est née le 22 juillet 1939 à Paris, d’un père algérien originaire de Souk Ahras et d’une mère libanaise.

Elle commence à chanter très jeune au cabaret de son père dans le Quartier latin à Paris. La famille sera contrainte à l’exil au Liban, après la fermeture du cabaret du père suite à la découverte par la police française d’armes destinées au FLN en 1956. Warda chante dans les cabarets de Beyrouth, où elle fait la connaissance de Mohamed Abdelwahab en 1959. Elle prendra part à un opéra panarabe composé par ce dernier avec Abdelhalim Hafedh et Faïza Ahmed. Elle poursuivra sa carrière en Egypte, où elle jouera également dans deux comédies musicales réalisées par Hilmi Rafla. Après la mort de son père en 1961, elle décide de rentrer en Algérie, où elle se marie et décide d’interrompre sa carrière durant une décennie.

Elle ne la reprendra qu’en 1972 à la demande du défunt président Houari Boumediène pour célébrer le 10e anniversaire de l’indépendance. Ce sera la grande reprise de Warda, qui travaillera avec les plus grands compositeurs arabes. Une belle carrière qui durera jusqu’aux années 1990 durant lesquelles Warda connaîtra des problèmes de santé, avant un retour à la scène dans les années 2000. Warda donnera son dernier concert en septembre 2011 au Liban. Elle s’est éteinte le 17 mai 2012 au Caire, en Egypte. Avec cette «émission salutaire», on est en droit d’espérer des timbres à la mémoire de Maâlma Yemna, Cheikha Tetma, Meriem Fekkaï et pourquoi pas d’autres artistes femmes qui ont tant donné à la culture algérienne, mais qui ont été ensevelies par les affres de l’amnésie. .

Par/Arslan Selmane

El Watan



09/06/2017
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