CHAOUKI-LI-QACENTINA

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la future capitale de la culture arabe fait fleurir le marché de la récupération

Le marché de la récupération fleurit ces derniers jours à la faveur des travaux de réhabilitation du patrimoine bâti menés ici et là dans l’ancien tissu urbain du centre ville en prévision de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe".

Des "débrouillards" sillonnent, dans un ballet incessant, les chantiers de réhabilitation jonchés d’une "avalanche" de matériaux divers, d’aluminium, de bois, de ferrailles, de tuyaux et autres objets. Les nombreux dégourdis rencontrés par l’APS lors de cette quête débridée sont formels : tous les produits, même usagés, sont "vendables", et quelquefois même au prix fort.

Une trépidante "chasse aux trésors"

Entre le bruit assourdissant des perceuses et des coups de marteaux, Kamel H, un jeune manoeuvre négocie avec un entrepreneur titulaire d’un marché de réhabilitation d’immeubles de la rue Larbi Ben M’hidi, au centre-ville, l’achat d’un lot de canalisation usées. Visiblement bien rodé dans l’art du marchandage, le jeune homme conclut l’acquisition, pour 1.000 dinars, et s’empresse de charger sa "cueillette" dans un petit véhicule utilitaire.

D’un pas leste, scrutant les chantiers de réhabilitation qui défilent tout au long de cette artère commerçante, Kamel confie à l’APS avoir "eu vent de la revente des divers matériaux usagers" et l’idée lui est venue de tenter sa chance pour gagner quelques dinars de plus, entre deux chantiers où il travaille à "la tâche".

Faisant feu de tout bois, le jeune affirme partir chaque matin à la recherche de "sa" bonne affaire, à travers les chantiers qu’il juge "intéressants".

Après avoir consulté, à la manière d’un homme d’affaires, un carnet d’adresse apparemment bien rempli, il confie qu’il a déjà un preneur pour la marchandise qu’il vient d’acquérir.

Au fil de la discussion, Kamel révèle avoir "beaucoup de commandes" pour la licobande, un revêtement en aluminium utilisé pour les devantures de magasins, espère "dénicher" l’affaire qui lui permettrait de réaliser une marge bénéficiaire encore plus confortable.

La tuile, star du marché de la "récup"

La rénovation des toitures des maisons et des immeubles du vieux bâti, et le remplacement des anciennes tuiles rouges en terre cuite par de nouveaux revêtements modernes, draine une foule nombreuse à la recherche de vieilles tuiles.

Ils viennent de Sétif, de Batna et même de Tébessa dans l’espoir de conclure des affaires intéressantes. Maâmar B, un trentenaire originaire de Sétif, rencontré au boulevard Mohamed Belouizdad où des dizaines d’immeubles font peau neuve, affirme à l’APS que la tuile est très demandée.

Versé dans le bâtiment, Maâmar précise qu’il a déjà conclu plusieurs marchés relatifs à la revente de ce produit avec de nombreux clients de la ville d’El Eulma, d’Aïn Arnat et d’autres communes de la wilaya des Hauts plateaux.

Connaissant la ville de Constantine comme sa poche, le "businessman" souligne qu’il a l’habitude de se procurer des anciennes tuiles auprès d’un ami habitant le vieux quartier d’Aouinet El Foul où les toitures des anciens dépôts partiellement effondrés sont un vrai "réservoir" pour les propriétaires de vieilles maisons recouvertes de tuiles rouges qui peuvent ainsi remplacer celles abîmées.

A la rue Bouderbala (ex-rue Petit), toujours au centre-ville, Farid, un jeune batnéen plutôt tendance, à la coupe de cheveux aussi fantaisiste que bizarre, confie à l’APS "négocier l’achat de 4.000 tuiles rouges anciennes pour le compte d’un Tunisien". Si la transaction se concrétise, Farid acheminera la marchandise à Tébessa. Plombier de formation, ce jeune qui se présente comme un "touche à tout", précise que le chantier de réhabilitation de l’antique Cirta a animé le marché de la récupération "dans toute la région Est" du pays.

Pour ce qui le concerne, il revend à 70 dinars/pièce une tuile achetée à 50 dinars.

Les vieilles tuiles sont commandées même pour des habitations en cours de réalisation. "J’ai acheminé vers Merouana (Batna), pour le compte d’un client, plus de 3.000 tuiles rouges anciennes", avoue-t-il.

Evoquant un marché "plus porteur qu’on ne le croit", Farid admet que le fait que beaucoup de ses amis soient employés dans ces chantiers de réhabilitation lui a beaucoup facilité la tâche dans l’acquisition et la revente des tuiles anciennes. Il se vante même d’avoir décroché "la plupart des marchés du boulevard Mohamed Belouizdad".

Même s’il a une longueur d’avance, Farid admet que le bouche-à-oreille a fait d’autres "affairistes" qui se sont mêlés au marché de la revente de la tuile rouge, et la concurrence, de son avis, se fait "de plus en plus rude".

Dans cette "fièvre du renouvellement" qui a saisi Constantine, les acheteurs ambulants de vieilleries, disparus des rues de la ville depuis des décennies, refont leur apparition et se mêlent à cette foire.

Tout cela confère un surcroît d’animation dans une cité en chantier où, depuis des mois, le tohu-bohu créé par la multitude d’outils berce le quotidien des citoyens qui, eux, s’emploient à se faufiler dans le labyrinthe d’échafaudages ceinturant le centre- ville.

A.P.S



14/01/2015
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