CHAOUKI-LI-QACENTINA

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L’assemblée populaire nationale évoquée sur un timbre-poste étranger

Mystère algérien en Mongolie


La philatélie recèle parfois des bizarreries insoupçonnées ! Pour preuve, cette découverte insolite faite sur un timbre de Mongolie, faisant partie d’un feuillet intitulé «Histoire de l’humanité», émis le 30 décembre 2002.

Une saga résumée en une vingtaine de timbres illustrés par des événements et des personnages ayant marqué l’histoire humaine depuis l’apparition de l’homme sur terre jusqu’au XXe siècle. L’illustration du timbre ci-contre, réservé au rayonnement de la civilisation arabo-musulmane, mérite que l’on s’y attarde. Il s’agit d’une composition comprenant des éléments picturaux (croissant, cavalier andalou, mosquée Saint-Sophie d’Istanbul, en Turquie, savant, etc.) qui renvoient à son essor scientifique et architectural, ainsi qu’aux conquêtes ayant contribué à l’expansion de l’islam.

Et… au milieu de tout cela, une enluminure renfermant le texte suivant en langue arabe : «Assemblée populaire nationale», qui est la Chambre basse du Parlement algérien ! Que fait cette enluminure sur ce timbre ? Quel rapport a-t-elle avec le sujet qu’il évoque ? L’un des quatre dessinateurs attitrés de la Poste mongole, dont les noms sont mentionnés dans la marge inférieure du feuillet (T. Otgonbayr, TS. Tsengel, SH. Ganbold et E. Bold) est-il un fervent défenseur de la démocratie dans les pays musulmans, un chasseur d’images sur internet, ou un collectionneur d’enveloppes «Premier jour» d’Algérie ? Car cette enluminure n’est en fait que l’illustration d’une enveloppe «Premier jour» éditée le 25 février 1977 par la Poste algérienne, à l’occasion de l’émission du timbre commémoratif venu célébrer la première élection de cette auguste Assemblée, en application de la Constitution de 1976.

Aussi bien le timbre que l’illustration sont l’œuvre de l’artist-peintre Mohamed Temmam (1915-1988). Excellant aussi bien dans la peinture de chevalet que dans la miniature, l’enluminure et la calligraphie, Temmam a signé en dix-huit ans d’étroite collaboration avec l’administration postale (1968 à 1986) plus d’une soixantaine de timbres parmi les plus beaux de la philatélie algérienne. Pour revenir au timbre mongol, deux hypothèses s’offrent à nous afin d’expliquer la présence déroutante de l’enluminure de Mohamed Temmam.

La première, quoique fantaisiste, découle de la contextualisation de l’émission de ce feuillet sorti quelques mois à peine après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Interpellé par le débat qui s’en est suivi sur le «Choc des civili-sations» et la représentation de la religion islamique comme une menace contre les valeurs fondatrices de la civilisation occidentale, le dessinateur, connaissant la langue arabe et sachant parfaitement le sens du texte affiché par l’enluminure, l’aurait placé à dessein dans sa composition pour souligner la compatibilité de la démocratie moderne avec l’islam.

Un mystère cachant un autre, comment dès lors expliquer, voire justifier, son choix de l’Algérie à travers l’Assemblée populaire nationale, considérée comme le fer de lance de la pratique démocratique dans les pays musulmans. C’est là où cette hypothèse perd de sa crédibilité.

Mais pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? D’où la seconde hypothèse, qui semble être la plus plausible : pouvant reconnaître l’écriture arabe sans pour autant savoir la lire, le dessinateur chargé de la conception de ce timbre, à la vue de l’enluminure de Temmam, l’aurait tout simplement confondue à tort avec un verset ou une couverture du Saint-Coran, des éléments graphiques-clés qu’il recherchait pour fixer le sujet de sa composition.

Caractéristiques techniques : dimensions du feuillet 260mm х 185mm, des timbres 48mm х 30mm.

Impression : Offset. Dentelure : 13 ¾. N° YT 2617 à 2636

Par / Mohamed Achour Ali Ahmed (AIJP)

El Watan



05/04/2018
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