CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Le sud algérien sur les timbres-poste (5e partie)

Des richesses et des chimères


Dans les livres algériens de géographie, on raconte souvent les mêmes histoires, mais pas toujours la vraie. Pour le Sahara algérien, le plus grand dans le monde, l’histoire reste marquée par une date : janvier 1956. Avant, cette vaste étendue de plus de 2 millions de km2 n’était qu’une succession de regs, d’ergs, de plateaux et de chaînes montagneuses.

La découverte, en janvier 1956, du pétrole pour la première fois au Sahara, à Edjeleh, dans la région d’In Amenas, puis celle du plus grand champ pétrolier algérien, Hassi Messaoud, en juin de la même année, sera un tournant décisif pour cette région qui représente plus de 80% de la superficie totale de l’Algérie, devenue une source de grandes richesses.

Dans l’histoire de la philatélie, le Sahara algérien a inspiré de nombreuses émissions durant l’époque coloniale. Juste après l’indépendance, la découverte du pétrole sera le sujet d’un timbre-poste repris d’une série émise par la Poste coloniale, dessiné par Combet et qui sera présent dans la première série à usage courant typiquement algérienne sortie le 1/11/1962 à l’occasion du 8e anniversaire de la Révolution.

On y trouve une illustration du fameux derrick, avec, en arrière-plan, une carte de l’oléoduc reliant Hassi Messaoud au port de Béjaïa et une vue du désert algérien. La période phare dans l’histoire du Sahara algérien demeure surtout liée au règne du défunt président Houari Boumediène. Ce dernier sera à l’origine de plusieurs projets de grande envergure lancés à la fin des années 1960. Le catalogue philatélique algérien en retiendra les plus importants.

On citera la première figurine émise le 22/2/1969 pour rappeler les premières infrastructures réalisées, à l’image du barrage de Djorf Torba, situé sur l’Oued Guir, à 70 km de Béchar, dans la région de Kenadsa, mis en service en 1968 pour une capacité maximale de 360 millions de m3. Dans la même série, une figurine sortie en février 1969 sera consacrée à la célèbre route nationale n°51, devenue un axe stratégique dans la région, réalisée pour relier sur 362 km El Goléa (actuelle Meniaâ), dans la wilaya de Ghardaïa, à Timimoun, dans la wilaya d’Adrar.

Le Sahara algérien, qui ne figurait nullement sur les timbres commémorant les plans quinquennaux de l’Etat algérien, sortira progressivement de l’isolement avec l’avènement du méga projet du «Barrage vert», créé par la décision du 23 juin 1970 signée par Boumediène, avec pour objectif le reboisement de 3 millions d’hectares pour lutter contre l’avancée du désert vers le Nord. Un projet qui connaîtra une époque de gloire durant les années 1970 grâce aux jeunes mobilisés du service national.

Pour leur rendre hommage, le dessinateur Bachir Yelles choisira de les mettre en avant sur un timbre paru le 25/11/1976. Le projet, qui subira quand même une longue hibernation, au point de sombrer dans l’oubli, sera relancé à partir de 2012. Une relance qui ne semble pas inspirer les responsables du service philatélique d’Algérie Poste, surtout que cette opération demeure toujours méconnue auprès des jeunes générations.

Ces dernières ignorent aussi l’autre histoire qui a marqué les mémoires des Algériens durant la belle époque des années 1970, avec le lancement en 1973 de la célèbre «Route de l’unité africaine» devant être réalisée sur 9000 km, pour relier Alger à Lagos, au Nigeria. Dénommé 45 ans après la «Transsaharienne», ce vieux projet, non encore achevé, sera le sujet d’un célèbre timbre émis le 1/11/1978 et dessiné par Sid-Ahmed Bentounès.

Le Sud algérien connaîtra une évolution dans le secteur des télécommunications avec le déploiement du réseau hertzien, sujet d’un timbre émis le 3/7/1986, réalisé par Kamreddine Krim. Le développement de l’agriculture saharienne, la réalisation d’infrastructures administratives, à l’instar de l’ENS de Ouargla, et l’extension du complexe gazier de Hassi R’mel, mais aussi la réalisation d’aérodromes dans plusieurs wilayas, sont autant de projets, qui seront portés sur des figurines postales en 1989.

Bien que de nombreux projets aient été concrétisés dans les régions du Sud algérien, ces dernières continuent toujours de payer les frais des chimères, conséquence de plusieurs décennies de marginalisation, alors qu’elles dorment sur des richesses inestimables, puisées des plus importantes sources de pétrole et de gaz au monde, mais qui n’ont jamais profité aux populations.

Par/ Arslan S.

El Watan



22/11/2018
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