CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Le timbre algérien du 1/11/1962 au 1/11/2017 (3e partie)

Les années 1980, une décennie mitigée

Les philatélistes algériens continuent toujours de se rappeler de cette époque, vécue comme une grande déception. Une décennie qui leur avait fait oublier le «faste» des années 1970. Des moments mémorables classés désormais dans l’album des beaux souvenirs. Cette joie de découvrir à chaque émission les contours inédits des figurines postales, traitant de thèmes riches et variés, ne durera que l’espace de quelques années.

De 1980 à 1986, le catalogue philatélique algérien sera bien agrémenté avec des émissions consacrées au patrimoine historique et archéologique de l’Algérie à travers les mosaïques dionysiaques de Sétif (trois timbres se tenant émis le 14/2/1980), les peintures rupestres du Tassili N’ajjer (émission du 19/11/1981), la série des arts traditionnels de Bachir Yelles et celle des arts populaires traditionnels de Ali Kerbouche.

En signe de reconnaissance, on n’omettra pas de dire que ces «merveilles philatéliques» ont vu le jour grâce au talent indiscutable et à l’apport indéniable de grands artistes, à l’exemple d’Ali Khodja, qui signera les deux derniers timbres de sa riche carrière dans l’émission «Navires algériens des XVIIe et XVIIIe siècles» parue le 17/12/1981. Un autre grand artiste-peintre, Mohamed Temmam, fera lui aussi ses adieux à travers une série sur l’orfèvrerie algérienne sortie le 24/1/1985, trois ans avant sa disparition. L’une des belles découvertes de ces premières années de la décennie 1980 a été la révélation d’un artiste qui sera l’un des plus prolifiques dans l’histoire de la philatélie algérienne. Par ses débuts prometteurs, Kamreddine Krim se fera remarquer par un choix judicieux et très apprécié des sujets. Il sera à l’origine de la première série des papillons (20/8/1981), mais aussi les premiers timbres sur les champignons (21/7/1983). Il touchera également aux thèmes des plantes médicinales, la poterie, les oiseaux, les instruments de musique, les chevaux et les chats. D’autres dessinateurs de timbres-poste feront aussi un parcours durable et distingué, à l’image de Bachir Yelles, Sid-Ahmed Bentounes et Ali Kerbouche.

Comme il y a toujours un fait qui sort du lot, un timbre marquera une tentative de réconciliation avec l’histoire de la Révolution algérienne, après de longues années d’oubli, quand la Poste algérienne décidera de commémorer pour la première fois l’anniversaire du Congrès de la Soummam du 20/8/1956 sur une figurine réalisée par Ali Kerbouche, émise le 20/8/1982. S’il y a un point négatif qu’il faut citer, c’est sans aucun doute celui de la domination de l’ex-parti unique, même sur les timbres algériens, à travers les célébrations de ses congrès ordinaires et extraordinaires. Une présence à la soviétique, rappelant des pratiques qui ont donné une mauvaise image de la philatélie algérienne, avec ces allégories figées et sans aucune valeur esthétique. Après des années où les timbres algériens, sortis en majorité de la prestigieuse imprimerie de Courvoisier en Suisse, faisant le bonheur des collectionneurs nationaux et étrangers, une période de décadence, l’une des pires dans l’histoire de la philatélie algérienne, marquera les figurines postales à partir de 1987.

Une époque de navigation à vue, avec des sujets généralistes à profusion sur des vignettes conçues pour servir de supports de propagande, au lieu d’œuvrer pour la promotion de la culture algérienne. A partir du mois d’avril 1987, des émissions consacrées au volontariat, au recensement de la population, l’agriculture, les infrastructures des communications, les universités algériennes, la Journée africaine des télécommunications et autres Journées mondiales de la femme, de l’enfance, et de multiples célébrations à la pelle vont se révéler comme de piètres images d’une institution aux abois.

Le timbre algérien est imprimé sur du papier de mauvaise qualité, portant des illustrations aux couleurs fades, avec en sus une perforation aléatoire, donnant une dentelure moche et hors normes. Des paramètres qui feront baisser sa cote sur le très important catalogue référence Yvert et Tellier. Désormais, le timbre algérien sera réduit à sa simple valeur faciale, et parfois moins. On est loin des timbres recherchés et très prisés des années 1970 qui faisaient le bonheur des négociants en France. 

Par/Arslan Selmane

El Watan



17/11/2017
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