CHAOUKI-LI-QACENTINA

CHAOUKI-LI-QACENTINA

Les rues mènent ... au ravin !


Croquis : Musicien arabe - encre sur Canson

Les rues que j'ai citées conduisaient toutes au ravin du Rhumel : la Rue Clémenceau (Rue Nationale), la Rue Caraman prolongée par la Rue de France (ou Sergent Atlan) et la Rue Damrémont dont la partie Basse-Damrémont était devenue la Rue Brunache.

Toutes trois aboutissaient à une corniche longeant le Rhumel. Elle portait le nom de Boulevard de Belgique dans la partie haute mais tout le monde ne parlait que de la Rue Thiers qui la doublait plus bas. La Communauté juive, présente depuis les Romains, y avait été cantonnée à la fin du 18ème siècle. Cette rue était perpendiculaire à la Rue Grand au début et perpendiculaire à la Rue de France à la fin. On a pu voir qu'après l'arrivée des Français, la Communauté s'installa donc dans d'autres rues, rejoignant la Rue de France qui avait été ouverte en 1850. Dans le dédale des petites rues, les maisons des Musulmans et celles des Israélites s'imbriquaient.

Mais on peut dire que " toutes " les communautés fréquentaient les mêmes marchés : celui de la Place Négrier (souvenir du marché aux esclaves) et celui de la Place des Galettes (jadis, on y cuisait le pain). Tous ces gens partageaient le même amour des beaux fruits et légumes, productions du pays, leur même terre ... On voyait une mosquée, des synagogues et la Chapelle des Pères n'était pas loin.

Il y eut bien, en 1934, un vrai " coup de folie " qui dressa l'une contre l'autre les deux communautés si anciennes dans ce pays ; ces événements furent passés sous silence par la suite ... (Qu’y avait-il dans les cœurs ?). Mais en 1955-56, cela ré(s)surgit et la fracture irrémédiable commença ...

Il était toutefois un art qui fédérait les habitants de ces lieux : la musique arabo-andalouse, le Malouf. Son fief était dans la Rue de France, vers son extrémité ; lorsqu'elle commençait après la Cathédrale, elle ne faisait que continuer la Rue Caraman. Les mêmes commerces, les mêmes professions y alternaient. Les bars et les cafés où les savoureuses " kémias " accompagnaient toujours l'anisette, étaient comme ailleurs, nombreux ! Quand on avançait vers le fond de la rue, on trouvait des cinémas et ... des magasins de musique. Au numéro 61, R. Leyris, dit Cheikh Raymond, le grand maître du Malouf était apprécié par tous.

Dans la Rue Damrémont, je rencontrais de vieilles femmes en costume traditionnel juif, mais les hommes ne le portaient pas, et là, non loin du Lycée d'Aumale (qui terminait la Rue de France et dispensait son enseignement à TOUS), il y avait une exception. Dans un magasin qui vendait des surplus américains, se voyait encore un vieil homme qui ressemblait assez, m'a-t-on dit, à un turc en habits d'un autre âge !

D'après la presse algérienne, les vieux Constantinois n'ont pas oublié. Contrairement à celle des plus jeunes, leur mémoire est enrichie d'images de ces temps révolus ...   

Rappel :

La Rue Clémenceau est devenue………………….Rue Larbi Ben M'Hidi

La Rue De France ou du Sergent Atlan………….Rue du 19 Juin 1965

La Rue Damrémont……………………………………….Rue Bouhroum

Le Lycée d'Aumale…………………………………………Lycée Ahmed Reda Houhou

Par/Michèle Pontier-Bianco

Source/Les 4 éléments



27/08/2017
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