CHAOUKI-LI-QACENTINA

Echoppe de chaudronnier à Constantine - par M. Levis

Un martèlement métallique, comme un appel, attire le curieux. Nous voici devant l'atelier d'un chaudronnier spécialisé dans la confection artisanale d'ustensiles spécifiquement algériens que toute famille musulmane ou israélite, se doit de posséder : " le guessâa " , sorte de grand cuveau plat en cuivre rouge, le " tendjra " et aussi    le " mehbès " ,  marmites en cuivre martelé, de formes et de dimensions absolument intangibles, immuables depuis des temps et des temps.

L'emboutissage du métal a résisté au progrès et à la machine : il se pratique aujourd'hui comme il y a cent ans, avec le même marteau recourbé, le même fer arrondi servant d'enclume ; les plaques de cuivre sont coupées suivant des gabarits qui se transmettent de génération en génération.

C'est du même geste automatique que l'homme frappe, frappe, martelant sans relâche le métal qui, insensiblement, se gonfle, s'enfle, prend la forme désirée et se façonne sous la multitude des coups. Emboutissage parfait, quelques soudures et " tendjra " comme " mehbès ", sont prêts à être vendus.

Parfois et pour être conformes à la bonne tradition, ces ustensiles sont enrichis de ciselures, puis étamés par des spécialistes de cet art. Le guessâa est celui des ustensiles réclamant un  travail  le plus considérable ; quand on pense que ce cuveau immense sort tout entier de l'emboutissage au marteau d'une seule plaque de métal, on a peine à imaginer les milliers et les milliers de coups savamment appliqués les uns tout près des autres pour arriver à cette forme parfaite, aussi parfaite qu'une machine moderne ne saurait la réaliser.

Et le tam-tam assourdissant continue sans relâche, inlassablement, accompagnant longtemps le flâneur attardé dans ces rues.

Par/A. Bianco

Algérie mon beau pays