CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Programme de l’année 2018

Quand la navigation à vue devient une spécialité

Pour les philatélistes algériens, déjà désemparés par les dates des émissions de timbres non respectées et les surprises de dernière minute, c’est une attente de plus de huit mois qu’ils ont endurée comme un long feuilleton hitchcockien, qui ne semble pas pour autant connaître sa fin.

Une longue période durant laquelle les responsables du service philatélique d’Algérie Poste se sont donné le mot pour prolonger le suspense sur le programme philatélique, qui n’a pas encore vu le jour. Pour la deuxième année consécutive, la navigation à vue est devenue une spécialité au service philatélique d’Algérie Poste.

Difficile d’imaginer comment ces mêmes responsables n’ont pas eu le temps de dresser une simple liste d’émissions que les administrations postales dans les pays qui se respectent prévoient déjà une année à l’avance. On n’a qu’à prendre l’exemple de nos deux voisins, qui n’ont pas pourtant les mêmes moyens que nous. Plus de huit mois sont passés et le timbre algérien est le grand perdant, comme ces centaines de philatélistes qui s’accrochent aux pages Facebook, mais aussi au «téléphone arabe», scrutant la moindre information sur une éventuelle émission, dont les contours demeurent encore méconnus.

On peut par contre imaginer les fausses notes musicales et les violons mal accordés, en somme une cacophonie entre des responsables dont le «cœur ne les mange pas» (pour traduire une expression populaire très en vogue chez nous) et qui passent leur temps à gérer leur carrière et à se cramponner le plus longtemps possible à leur poste, avec tous les avantages liés à la fonction. En attendant une éclaircie dans le service philatélique d’Algérie Poste, caché derrière un épais brouillard, les choses stagnent toujours en ces derniers mois de l’année, à moins que les décideurs dans cette entreprise n’envisagent un véritable plan de choc : envoyer tous les responsables du service philatélique vers un centre de recyclage et les remplacer par d’autres plus clairvoyants.

Côté émissions, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, sauf ce recours abusif et ruminant, devenu une pathologie incurable, aux allégories pour célébrer des journées internationales, qui se suivent comme une mélodie ennuyante. Un phénomène difficile à éradiquer et qui colle encore durement à «la peau» de la philatélie algérienne.

Malgré quelques satisfactions notables, comme la parution du premier timbre triangulaire dans l’histoire de la philatélie algérienne, et l’adoption de tamazight, devenue une langue désormais inévitable dans les légendes portées sur les timbres algériens à compter de cette année, la grande déception a été sans doute cette série émise le 5 juillet dernier, anniversaire du recouvrement de l’indépendance, pour rendre hommage à trois illustres personnages de l’histoire de la résistance algérienne contre l’occupation française.

Une émission qui s’est avéré un pur plagiat repris sans aucune conscience à partir d’illustrations et d’œuvres de peintres français déjà publiées. Un véritable scandale que nous avons révélé sur les pages d’El Watan(1), grâce à la contribution inédite de notre ami et expert Mohamed Achour Ali Ahmed.

Un scandale qui, sous d’autres cieux, aurait engendré des mesures disciplinaires sévères, tant il demeure à ce jour l’un des points noirs historiques dans les annales de la philatélie algérienne, condamnée désormais à sombrer dans la médiocrité. Ce qui renseigne sur la légèreté avec laquelle sont conduites les affaires du timbre algérien, qui fut un prestigieux ambassadeur de l’Algérie, très estimé et très recherché par les plus grands experts et négociants dans les années 1960 et 1970, pour devenir un modèle triste et honteux du plagiat. Malheureusement, la leçon n’a pas été retenue.

1) – Voir El Watan du 26 juillet 2018

Par / Arslan S.

El Watan



14/09/2018
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