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Souvenirs, souvenirs

Il y a 50 ans, le Festival panafricain d’Alger


Une semaine après notre chronique dans laquelle nous avons rendu hommage à toutes les équipes nationales de football qui ont fait la fierté des Algériens depuis les Jeux méditerranéens de 1975, et la toute récente gloire des Verts en terre égyptienne, en remportant le deuxième trophée dans l’histoire de l’Algérie, le hasard a voulu qu’on ne quitte pas le continent africain. Les souvenirs de la belle époque des années 1960 rappellent encore cette grandiose manifestation culturelle africaine que notre pays avait abritée il y a 50 ans, pour en faire l’un des événements de la décennie.

Curieusement, le Festival panafricain d’Alger (Panaf) a été inauguré le 21 juillet 1969, soit quelques heures seulement après l’événement planétaire célébré par l’humanité, avec la réussite de la mission spatiale Apollo 11, au cours de laquelle des hommes se sont posés pour la première fois sur la Lune. Riche en activités culturelles touchant la musique, la danse, le théâtre, la littérature, le cinéma, les arts visuels, en plus des spectacles de rue, des expositions et des projections, le Panaf a été une occasion historique pour l’Algérie de s’ouvrir sur le monde et sur l’Afrique, sept ans après son indépendance.

Le contexte était aussi particulier, avec l’avènement des mouvements de libération dans plusieurs pays, dont les leaders étaient accueillis par Alger, devenue la Mecque des révolutionnaires. On parlait déjà qu’en 1969 Alger regroupait 27 mouvements de libération du monde entier, dont 7 issus du continent africain. Bien qu’il soit quelque peu éclipsé par l’exploit américain sur la Lune, qui a eu droit à une émission, le Panaf sera mis en avant par la Poste à travers une vignette sortie le 19/7/1969, digne d’une œuvre d’art réalisée par le grand artiste peintre M’hamed Issiakhem (1928-1985) au sommet de son art. Une vignette qui symbolise l’histoire et la culture africaine dans tout ce qu’elle a de profond et d’authentique.

Organisé sous l’égide de l’Organisation de l’Unité africaine, présidée à l’époque par le défunt président algérien Houari Boumediène, le Panaf de 1969 connaîtra un succès fulgurant, avec la participation d’artistes de renommée mondiale. Les Algériens retiendront surtout le nom de la Sud- Africaine Miriam Makeba (1932-2008) et sa célèbre chanson Ana horra fi El Djazaïr (Je suis libre en Algérie).

Quarante ans plus tard, l’Algérie récidivera en organisant la deuxième édition du Panaf, tenue du 5 au 20 juillet 2009, avec la participation de 51 pays africains, en présence des États-Unis, du Brésil et de Haïti comme invités d’honneur. Pour commémorer cet événement, la Poste algérienne émettra le 4/7/2009 deux timbres. Le premier d’une valeur de 15 DA représentant le logo conçu par Bachir Laïb, et le second de 20 DA portant une allégorie de Sid Ahmed Bentounès.

Dans un article de notre ami et confrère Mohamed-Achour Ali-Ahmed, consacré aux émissions philatéliques du Panaf (1969 et 2009), publié dans le n°1832 de la revue française L’Écho de la timbrologie du mois de septembre 2009, Bachir Laïb, né en 1959, diplômé de l’École nationale des beaux-arts, actuellement graphiste, infographiste et illustrateur, est revenu sur les détails de sa démarche artistique lors de la réalisation de la maquette pour laquelle il sera le lauréat du concours ouvert pour la conception du logo.

«J’ai choisi de concevoir le logo en trois phases : gravure rupestre, statuette africaine et une inspiration d’un dessin de Picasso. Entre les trois, il y a une certaine continuité», a-t-il expliqué. Malheureusement pour un événement pareil, pour lequel l’État algérien a mobilisé d’importantes ressources financières, une défaillance de taille a été remarquée par les amoureux du timbre.

Les organisateurs n’ont prévu aucune manifestation philatélique. Pourtant, l’histoire retiendra que le panafricanisme et la culture africaine sont tous passés par le timbre qui a été le meilleur moyen de leur diffusion à travers le monde. Un paradoxe, puisque le timbre a été utilisé pour faire la promotion du Panaf, alors qu’il en sera le grand absent dans cet événement. C’est bien dommage !

Par/ S. ARSLAN 

Le 25 JUILLET 2019

El Watan



26/07/2019
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