CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Timbres taxe

Un long parcours «enterré» dans les archives


Très peu connue de nos jours par de nombreux collectionneurs de timbres- poste, en dehors des timbres à usage courant, très peu médiatisée lors de son émission, noyée dans les collections et le catalogue philatélique, cette vignette spécifique était pourtant utilisée durant des années par les services postaux. Nous parlons ici du timbre-taxe, inévitable pour faire payer aux destinataires le défaut ou l’insuffisance de l’affranchissement sur les courriers postaux.

Une vignette qui a quand même un parcours assez particulier dans l’histoire philatélique algérienne. Déjà à ses débuts au lendemain du recouvrement de l’indépendance, et pour parer au plus pressé, l’administration postale algérienne n’avait d’autre choix que de recourir temporairement (du 5 juillet 1962 à juin 1963) à cinq timbres-taxe «Gerbes de blé» de France, émis en Algérie à partir de 1960. On devait uniquement rayer la mention «République française» et apposer sur la vignette la surcharge «EA» (Etat algérien).

Ce procédé se poursuivra jusqu’à l’émission de la première série de timbres-taxe purement algérienne, en juin 1963. C’est la fameuse série de la balance émise en cinq valeurs de couleurs marron, rouge vif, vermillon et bleu. Cette série survivra une dizaine d’années, avant la parution des célèbres vignettes «Epi de blé», dessinées par Mohamed Temam, qui marqueront durant de longues années les taxes sur les affranchissements des courriers. Emise le 21/10/1972 en sept valeurs (0,1-0,2-0,4-0,5-0,8-1,0-2,0), et sortie des presses de la Banque centrale, cette série connaîtra une longévité record parmi toutes les émissions philatéliques de l’époque.

Elle sera complétée le 21/1/1993 de deux nouvelles vignettes de 3 et 4 DA. Le dernier-né des timbres-taxe algériens, toujours en service, et qui a soulevé l’indignation des philatélistes, a été une vulgaire copie «scannée» et techniquement ratée, d’une carte postale intitulée «Alger illuminée- La Grande-Poste», éditée dans les années 1970 par la défunte Société nationale d’édition et de diffusion (SNED) sous le n° 526.

L’émission, sortie le 19/4/2006, en deux valeurs de 5,00 et 10,00 DA, sans notice ni enveloppe Premier jour, a été signée par Sid Ahmed Bentounes. Ce fait, qui a considérablement nui à l’image du timbre algérien, a été révélé à l’époque par la revue Philnews, éditée par Mohamed Achour Ali Ahmed. La publication a montré, preuves à l’appui, la présence, aussi bien sur la carte postale que sur le timbre, d’une Fiat 128 blanche, exposée sur le parvis de la Grande-Poste et qui fut à l’époque l’objet d’une tombola organisée par la Poste. Cette même voiture, visible à la loupe, est également présente sur une autre carte postale de la Grande-Poste prise le jour et éditée par la SNED sous le n° 516.

Le 6 septembre 2006, El Watan s’est fait l’écho de cette «découverte insolite dans l’histoire du timbre algérien qui prouve encore une fois le manque de sérieux affiché par les responsables de la philatélie à Algérie-Poste, où le recours aux services de l’ordinateur devient trop abusif au point de mettre aux oubliettes des actes créatifs de certains dessinateurs marginalisés».

Selon Mohamed Achour Ali Ahmed, seul Mohamed Hammadi, ancien directeur général d’Algérie Poste, rencontré lors de l’inauguration du 1er Salon national de la philatélie tenu à Touggourt du 21 au 24 avril 2009, avait décidé d’agir face à ce plagiat, en ordonnant l’inscription au titre du programme philatélique de l’année 2010 de deux nouveaux timbres-taxe illustrés par le sanctuaire du Martyr, dont la date de sortie était fixée pour le 2 août. Au lendemain de son décès prématuré, début 2010, cette émission disparut étrangement du programme.

Cela fait douze ans que les services postaux algériens utilisent des timbres-taxe plagiés. Serait-ce normal ? Une revue du catalogue philatélique algérien montre également que les vignettes algériennes ne sont pas sorties du cadre classique, figé dans un graphisme simple, austère même, avec des dimensions standard (17 mm x 19,5mm), contrairement à certains pays, où les timbres-taxe ont pris d’autres formes et adopté des sujets variés, avec un travail esthétique pointu. On relève aussi que le nombre de timbres-taxe algériens est encore très réduit pour en faire le sujet d’une thématique. Ils ont même disparu avec l’évolution technologique et l’avènement de vignettes d’affranchissement automatiques.

Par/Arslan Selmane

El Watan



20/02/2018
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