CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Avec pour thème «Tous contre la violence sous toutes ses formes»

Naissance du premier timbre triangulaire Algérien

Algérie Poste entame l’exécution du programme philatélique 2018, non encore dévoilé, avec une présentation novatrice de sa première émission, qui a pour thème «Tous contre la violence sous toutes ses formes», offrant ainsi aux collectionneurs, plutôt agréablement surpris, le premier timbre triangulaire de la philatélie algérienne.

Emis le 2 janvier 2018 sous la signature de Kamareddine Krim, cette vignette postale allégorique, d’une valeur faciale de 25 DA (tarif intérieur), a été imprimée en offset par l’imprimerie de la Banque d’Algérie, et non par les «Editions populaires de l’armée», comme indiqué dans la notice qui l’accompagne. Elle se décline en planches de 25 timbres attenants chacun horizontalement à une vignette de même format sans pouvoir d’affranchissement, reprenant la même allégorie.

Ces vignettes, soit dit en passant, occupent inutilement un espace que l’imprimerie de la Banque d’Algérie aurait pu réserver au même timbre présenté tête-bêche, économisant ainsi la moitié de la quantité de papier consommée, ce qui n’est pas négligeable par ces temps de vaches maigres. Le choix de la forme du timbre n’est pas fortuit. C’est dans la signalétique du code de la route que le dessinateur a puisé son inspiration, en choisissant de donner à son timbre la forme d’un triangle équilatéral, celle du panneau au fond blanc, bordé de rouge, dont la fonction est de prévenir d’un danger plus ou moins proche.

Choix judicieux s’il en est, puisqu’il permet de mettre à profit la forme du timbre afin de renforcer l’impact du message véhiculé. Si les formes courantes du timbre sont le rectangle debout ou couché et le carré, il peut se présenter presque sous toutes les autres formes géométriques (triangle, rond, ovale, losange, trapèze, etc.). Les premiers timbres-poste triangulaires au monde sont une invention africaine.

Ce sont ceux mis en circulation en 1853 par la province du cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, auxquels Charles Bell, le maître général des Postes, donna cette forme qu’il réserva à l’affranchissement des plis à destination de l’étranger. Ainsi, les employés de la poste locale, presque tous analphabètes, pouvaient distinguer nettement les lettres à destination de l’intérieur du pays de celles réservées au courrier international.

En matière d’innovation dans la présentation de ses timbres, l’Algérie est à classer parmi les pays «conservateurs». Maniaque du format rectangulaire, la Poste algérienne ne déroge que très rarement à ce qui est devenu chez elle presque une tradition. Depuis l’indépendance, c’est la deuxième fois en l’espace de dix ans que le timbre algérien sort des sentiers battus, en adoptant une autre forme que rectangulaire ou carrée.

En 2008, à l’occasion du 50e anniversaire de la création de l’équipe nationale de football du Front de libération nationale (FLN), Sid Ahmed Bentounes offrit à la philatélie algérienne son premier timbre rond incrusté dans un bloc-feuillet illustré d’une photo historique réunissant les joueurs de la glorieuse équipe.

Aussi bien pour le timbre rond que pour le triangulaire, il est à souligner que le choix de leurs formes s’est fait à bon escient en fonction des sujets traités. Pourvu que la Poste continue à en faire un usage modéré et très circonstancié. Pour revenir au timbre de Krim, à la vue de la légende «Tous contre la violence sous toutes ses formes», déclinée dans les deux langues, arabe et amazighe, l’on est en droit de se demander si le traitement graphique employé à sa transcription ne constitue pas en lui-même une forme de violence à l’encontre de tamazight, reconnue comme langue nationale en 2002 et officialisée en 2016.

Un traitement discriminatoire, qui a déjà minoré cette langue sur un timbre consacré le 7 février 2017 à la célébration du 1er anniversaire de son officialisation (sic !), ainsi que sur le timbre émis le 28 décembre 2017 en hommage à Mouloud Mammeri, à l’occasion du centenaire de sa naissance.

Aujourd’hui, il y a urgence en la demeure à élaborer une charte graphique à l’intention des dessinateurs du timbre algérien, qui fixerait définitivement le choix des caractères d’écriture en langue amazighe (latin ou tifinagh) et réserverait un traitement égal aux deux langues officielles dans le choix de la taille et de la graisse des polices de caractères des éléments textuels affichés par le timbre postal.

Par/Mohamed Achour Ali Ahmed

El Watan



11/01/2018
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