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Des noms et des lieux

Bab El Djabia, un repère historique en perdition


Pour les Constantinois, le site de Bab El Djabia demeure un repère historique.

Pour les touristes étrangers, c’est le point de départ pour la découverte de la vieille ville et de ses vestiges. De vieux documents photographiques remontant à l’époque coloniale attestent de l’existence de cette porte, remontant à l’époque turque, dans la partie basse de la ville, près de l’endroit qui verra la construction du pont Sidi Rached. Son nom, Bab El Djabia, était lié, selon certaines descriptions, à un bassin ou un ruisseau (El Djabia), utilisé par les passants pour se désaltérer et faire leurs ablutions.

La porte séparait les remparts de la ville montant vers Bab El Oued, sur l’actuelle place de la Brèche, de ceux descendant vers le ravin. Citée par Louis Régis qui l’avait décrite comme «une petite poterne» lors de son voyage à Constantine en 1880, elle sera démolie des années plus tard, lors des travaux d’aménagement de la ville. Bab El Djabia est aujourd’hui le principal accès vers Souika à partir de pont Sidi Rached ou la rue Zaâbane, ex-Viviani, là où se dressait autrefois un grand marché sur le site de l’actuelle Place Kerkeri, mais aussi un marché de dattes et de foin situé juste en face. Bab El Djabia servait aussi pour désigner tout le quartier s’étendant jusqu’aux limites d’El Batha et Echatt.

Il sera appelé plus tard Souika, un quartier traversé par une longue artère que les Français avaient baptisée la rue Perrégaux, du nom du général Alexandre Charles Perrégaux, officier de l’armée française qui avait pris part au second siège de Constantine. Le 12 octobre 1837, au même moment où le général en chef de l’expédition Damrémont fut tué sur l’actuelle place de la Pyramide (Place colonel Amirouche), après avoir reçu un boulet en pleine poitrine, Perrégaux fut atteint d’une balle dans la tête. Il succombera le 6 novembre 1837 en mer lors de son évacuation vers la France. La rue portera après l’indépendance le nom de Slimane Mellah dit Rachid, un enfant de la ville, membre du groupe des 22, qui avait préparé le déclenchement de la Révolution de 1954.

Le quartier à vocation commerçante est toujours animé, surtout durant le Ramadhan, la fête de l’Achoura et du Mawlid grâce à ses innombrables boucheries et échoppes de fruits secs, mais aussi les étals occasionnels de vendeurs de pétards.

Aujourd’hui, la belle image de Bab El Djabia avec ses charmantes maisons arabes bien agencées, où il faisait bon vivre, n’est qu’un vague souvenir. Le quartier a perdu une bonne partie de son tissu urbain. Ce qui a survécu aux démolitions organisées se dégrade. Hormis cinq maisons réhabilitées en 2008, le reste semble condamné à disparaître à cause des aléas du temps et de la bêtise humaine. Des siècles d’histoire qui risquent d’être perdus à jamais.

Par/Arslan Selmane

El Watan

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09/10/2016
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