CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Le cheikh AbdelHamid Ben Badis vu par Malek Ben nabi

Le cheikh AbdelHamid Ben Badis vu par Malek Bennabi

 

Malek Bennabi qui fut, selon Anouar Abdel-Malek, «l'un des premiers philosophes sociaux du monde arabe et afro-asiatique de notre temps », mit, dans tous ses écrits sur le cheikh Abd El-Hamid Ibn Badis, l'action et la pensée de ce dernier en rapport avec le contexte social qui fut le sien, c'est-à-dire celui de l'Algérie sous domination coloniale.

Ibn Badis, écrivait le penseur Algérien, a vécu dans un cadre social et politique qui a fourni assurément toutes les motivations qui l'ont fait agir et penser comme il a agi et pensé. Sa personnalité c'est le prisme à plusieurs facettes qui réfléchit tous les aspects de ce milieu où germent les idées qui vont le transforme». De fait, dans tous ses écrits de sur Abd El-Hamid Ibn Badis, Malek Bennabi ne se contenta pas de faire le por­trait du fondateur de l'association des Ou­lémas mais dressa un véritable «état des lieux» du monde dans lequel évoluait le cheikh de Constantine. Cet «état des lieux» du monde arabo-islamique en général et de l'Algérie en particulier était sous-tendu par la recherche des causes de l'origine de son asservissement. La décadence, et sa conséquence la colonisation, furent sûrement l'une des origines des réflexions de Malek Bennabi comme de nombreux autres intel­lectuels

Arabo-musulmans. Pour ces hommes de foi et de culture, la domination

Européenne provoqua une véritable «crise occidental dans la  pensée arabe islamique». «Pourquoi sommes-nous dominés?»; «Qu'est ce qui a provoqué notre chute?»; «Où avons-nous failli?»; «Comment redresser la situation?»; «Comment promouvoir une renaissance politique et culturelle du monde arabo-islamique». Telles étaient les réflexions et les questionnements des intellectuels arabo-musulmans de l'époque. Pour Malek Bennabi, «le monde musulman émerge de l'ère post-Almohade depuis le siècle dernier, sans toutefois retrouver en­core son assiette. Comme un cavalier qui a perdu l'étrier et ne parvient pas encore à le reprendre, il cherche son nouvel équilibre. Sa déchéance séculaire, qui l'avait condamné à l'inertie, à l'apathie, à l'im­puissance, à la colonisation, a conversé néanmoins ses valeurs plus ou moins fos­silisées». L'efficacité de l'idée islamique, écrivait le penseur Algérien, «ira dimi­nuant tout au long de l'ère post-almoha-dienne, jusqu'au moment où sonnera l'heure du colonialisme dans le monde. Le contact brutal avec la civilisation nouvelle a lieu pour la conscience musulmane dans les pires conditions». Selon Malek Ben-nabi, la crise du monde arabo-islamique en général et de l'Algérie en particulier devait être comprise à deux niveaux différents: premièrement, les causes internes de la dé­cadence qui avaient permis la domination par l'impérialisme Occidental et la coloni­sation; deuxièmement, l'action propre de la colonisation et dé l'impérialisme. L'une des causes de la décadence interne du monde arabo-islamique, sur laquelle Malek Bennabi insiste particulièrement dans ses écrits sur Abd El-Hamid Ben Badis, était le mysticisme, le maraboutisme, qui avait envahi toute la société

Ma­ghrébine, maintenue dans un véritable état léthargique depuis le fin de l'ère almoha-dienne.

Malek Bennabi ne condamnait pas la mystique en tant que telle mais les dérives qui

L'avaient tansformée en un élixir per­mettant aux sociétés musulmanes de ne pas affronter les réalités de leur propre dé­faillance en se réfugiant dans un monde uniquement métaphysique. Le marabou-tisme était devenu dans ces conditions une sorte d'«opium dû peuple», pour reprendre une formule devenue célèbre. De fait, le mouvement islahiste algérien, et Abd El-Hamid Ibn Badis à sa tête, s'attacha à com­battre avec vigueur le maraboutisme et ses dérives. Selon l'intellectuel Algérien, «la pensé islamistes s'est traduite surtout dans ce combat contre un mysticisme de Bas-Empire post-almohadien [...]. La civilisa­tion musulmane avait perdu son essor depuis longtemps. La pensée mystique musulmane a subi le sort de toutes ses va­leurs culturelles, avant d'aboutir avec elle au naufrage où tout s'est englouti, au cours des siècles post-almohadien. Plus que toute autre valeur, elle était exposée à la perte de ses prestiges dans cette dégrada­tion générale». Pour Malek Bennabi, les dérives de la mystique musulmane étaient l'un des symptômes les plus marquants du déclin du monde arabo-islamique. «Il suffirait de situer la pensée mystique à deux époques, nous dit le penseur Algérien, pour sentir sa chute vertigineuse: l'époque où elle était incarnée par un Hassan El Basri] ou un Soufyan Eth-Thouri et l'époque où elle portera une livrée faite de mille pièces pour mobiliser l'austérité du derviche ou du charlatan, aux yeux des foules crédules.



19/04/2009
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