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Emission d’un timbre sur la CAN de football en Egypte

Un affront à la mémoire des Algériens

Quand des responsables algériens commencent à présenter les symptômes d’une amnésie chronique pour l’histoire de leur pays, c’est que la situation a atteint vraiment un seuil critique et très inquiétant. Cela nécessitera même un diagnostic sérieux et profond, tant le malaise a atteint les profondeurs.

Le samedi 15 juin, soit à six jours de l’inauguration de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football organisée par l’Egypte du 21 juin au 19 juillet 2019, le service philatélique de la Poste lance un véritable affront à la mémoire des Algériens, en décidant d’émettre un timbre à l’occasion de ce tournoi sportif.

Un affront, puisqu’il survient dix ans après les événements malheureux du mois de novembre 2009, lors du dernier tour éliminatoire de la Coupe du monde tenue en 2010 en Afrique du Sud. Dix ans qui n’ont pas effacé de la mémoire des Algériens le scénario horrible préparé par les Egyptiens et qui avait commencé le jeudi 12 novembre 2009 par le caillassage du bus transportant l’équipe algérienne de football depuis l’aéroport du Caire.

Un acte prémédité et bien planifié avec la complicité des autorités égyptiennes et des services de sécurité. On ne pouvait pas trouver une autre explication. Après cet épisode, les Algériens devaient s’attendre au pire cauchemar le samedi 14 novembre 2009, dans un feuilleton qui demeure l’une des grandes spécialités égyptiennes, durant un match qui réunissait tous les ingrédients de la haine envers tout ce qui est algérien, et qui restera comme une grande tache noire dans l’histoire de cette compétition. Les responsables du service philatélique ont-ils vraiment la mémoire courte ?

C’est la question qui se pose, mais qui nous oblige aussi de faire un rappel de toute cette campagne menée contre l’Algérie, insultant ses martyrs et qualifiant son peuple de «zebala» (ordures). Tout cela pour un match de football. Les Algériens ont tout de même réussi à se surpasser en parvenant à décrocher leur qualification au terme d’une bataille héroïque à Oum Durman.

Dix ans après, alors que la plaie est encore ouverte, certains ont eu le culot d’émettre un timbre pour célébrer un tournoi de football qui a été de tout temps négligé dans l’histoire de la philatélie algérienne. Ce qui est vraiment étonnant. Pour preuve, et en parcourant le catalogue philatélique, on ne trouve qu’une seule trace de cet événement, à travers le timbre dessiné par Sid-Ahmed Bentounes, sorti le 2/3/1990 à l’occasion de la 17e CAN organisée et remportée par l’Algérie.

Sur 32 éditions, Algérie Poste n’a même daigné au moins faire un geste en direction de la Tunisie, qui a organisé trois tournois, en 1965, 1994 et 2004. Même cas pour le Maroc, qui a abrité cet événement en 1988. La tentative de normalisation ne sera qu’une mauvaise initiative, surtout que les Algériens n’en ont cure de ces faux sentiments de fraternité cachant mal une hypocrisie politique flagrante.

Depuis dix ans, les Algériens continuent de boycotter tout ce qui a trait au pays des Pyramides. Pour revenir au timbre émis le 15 juin, œuvre de Zakaria Morsli, pour lequel on a choisi la forme ronde, celle d’un ballon, ce qui fera de lui le second du genre après celui émis dans le bloc feuillet consacré en 2008 au 50e anniversaire de la glorieuse équipe de football du FLN, il serait vraiment vain de lui donner de l’importance.

Un examen minutieux de sa conception et de sa réalisation suffira pour conclure à une œuvre ratée se résumant à une simple affiche de la compétition accouchée sur une vignette sans aucun relief ni aucun effort esthétique. Vraiment, il n’y a pas de quoi pavoiser.

Les philatélistes ont même eu la désagréable surprise de découvrir des planches qu’on devait découper aux ciseaux, pour obtenir des «carrés» de timbres à placer dans les albums. Le résultat sera très moche.

Ceci sans être vraiment trop dur avec un dessinateur, dont le talent aurait pu être exploité pour produire un travail mieux inspiré. Mais il est dit que la légèreté avec laquelle sont conçues nos vignettes postales, appelées à voyager, fera que ces symboles soient la risée du monde.

Par/S. Arslan

Le 27 JUIN 2019

El Watan



28/06/2019
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