CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Faut pas suivre le guide !

En attendant que le marché de la communication en Algérie soit tiré vers le haut par les vertus de la concurrence et donc de la qualité, des apprentis communicateurs et des arnaqueurs polluent le marché et s’imposent souvent en usant de népotisme et autres manœuvres déloyales.

Le secteur du tourisme, ayant besoin de supports communicationnels pour vendre ses destinations, est une cible facile, sachant la faiblesse qui prévaut parmi ses dirigeants, notamment à l’intérieur du pays. Un guide touristique, publié en 2015, intitulé Constantine, le trésor de Cirta, illustre parfaitement l’amateurisme des concepteurs ainsi que la naïveté des autorités locales.

Celles-ci ont accordé leur confiance à l’éditeur tunisien à l’origine du guide, en scellant un partenariat entre lui et la direction du tourisme de Constantine.

Mieux, le wali, Hocine Ouadah, en personne, s’est permis de préfacer cet ouvrage, certainement sans en avoir vérifié la forme et le contenu. Les sponsors aussi, parmi lesquels on trouve Air Algérie, Natixis et de nombreux opérateurs économiques locaux, savent-ils qu’ils ont associé leur image à un guide médiocre ? Ce n’est certes pas le guide du routard, mais quand même, il faut toujours regarder avant de payer. En effet, le guide rédigé en français est bourré de fautes de langue, à croire que les textes n’ont pas été soumis à la correction. Le copier-coller étant la règle, la qualité des textes est à la merci de la source. Aussi, le guide ne cite jamais ses sources.

Les erreurs historiques sont légion aussi. Dès la présentation, le lecteur, qui connaît un minimum d’histoire, est renversé. Les Français sont venus à Constantine en 1832, soutient-on ! Des affirmations sidérantes aussi : «La résistance menée par Ahmed Bey connut une certaine pérennité grâce au voile noir porté depuis par la Constantinoise en signe de deuil du jour de la prise de la ville.» Et toujours, selon cette présentation, Malek Benabi serait de Constantine ! Les concepteurs s’emmêlent les pinceaux, la préface est confondue avec la table des matières. Pire. Les photos d’illustration sont toutes, ou presque, empruntées sans en citer les auteurs et sans le moindre respect pour la propriété et les droits d’auteur.

Last but not least, le guide annonce des sites qui se trouvent encore au stade de projets, ce qui en fait le seul guide touristique au monde qui vous invite à visiter des destinations inexistantes. Il faut le faire ! Le trésor de Cirta n’est finalement qu’une poule aux œufs d’or, sur laquelle aurait mis la main le petit malin à l’origine de cette opération sulfureuse.

Par/Nouri Nesrouche

El Watan



20/05/2016
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