LE LAC SOUTERRAIN d’HAMMAM MESKOUTINE
LE LAC SOUTERRAIN d’HAMMAM MESKOUTINE exploré en 1883
Traduction Georges Durban
Une des curiosités les plus attrayantes des environs d’Hammam-Meskoutine, à coup sûr la plus facile à voir, est le lac souterrain situé à environ deux kilomètres Sud de l’établissement, dans la propriété d’un colon du village de Clauzel. Ceux qui ont écrit sur le pays dans la première période de l’occupation n’en font pas mention, par la raison toute simple que tout le monde en ignorait l’existence. Il a fallu un accident fortuit, pour révéler aux habitants du pays la présence d’une nappe d’eau considérable sous leurs pieds. C’est au mois de juillet 1878, par une journée orageuse, qu’un affaissement du sol, en forme de circonférence offrant environ 30 mètres de diamètre, s’est produit avec fracas, attirant l’attention des bergers du voisinage, et assourdissant leurs oreilles d’un bruit comparable à la décharge de plusieurs pièces d’artillerie. Pendant quelques heures les indigènes terrifiés n’osaient s’approcher. Enfin, enhardis peu à peu par la disparition de la colonne de poussière qui s’était répandue aux alentours, ils se décidèrent à venir à pas prudents reconnaître le terrain. La croûte supérieure du sol offrait une concavité de deux ou trois mètres; sur les bords corrodés de la cuvette, au nord, une fissure assez considérable, se présentait, laissant entrevoir l’entrée d’une sorte de caverne. Superstitieux comme tous les peuples primitifs, en présence des phénomènes qui leur semblent incompréhensibles, les Arabes ne se souciaient pas de pousser plus loin leurs investigations, et ils préférèrent prévenir les colons des alentours. Dès le lendemain, la grotte était explorée et le mystère expliqué, au moins en partie. En descendant à une quinzaine de mètres de profondeur sur des blocs éboulés, les explorateurs se trouvèrent en présence d’une masse d’eau considérable formant un lac d’environ 50 mètres de longueur sur 30 de largeur, recouverte d’une voûte calcaire, que des racines d’oliviers traversaient, comme des sortes de stalactites suspendues à une dizaine de mètres de hauteur. Sur le côté droit de la caverne, un chenal de 2 à 3 mètres de largeur, amenait avec fracas une quantité considérable d’eau.
Pendant environ six semaines, cet écoulement continua sans intermittence, pour cesser brusquement un jour.
Le problème devenait ainsi très clair. On se trouvait en présence d’une de ces cavités comme le sol des environs d’Hammam-Meskoutine en contient, dissimulées au regard par une couche de 2 à 3 mètres d’épaisseur, décelant leur présence par le bruit qu’elles produisent sons le pied de l’homme ou des animaux.
Plus haut, à une distance quelconque, se trouvait une nappe l’eau, qui, rompant brusquement ses digues sous une influence inconnue, s’engagea par des conduits plus ou moins tortueux, plus ou moins étroits, dans la direction de la grotte et vint s’y engouffrer avec violence. Sous cet assaut, une partie des piliers naturels soutenant la croûte supérieure de la grotte ne tarda pas à s’affaisser, et a. produire l’écroulement du sol lui-même. La grotte s’emplit peu à peu ; l’écoulement continua jusqu’à parlait équilibre des deux vases communiquant; le lac souterrain était formé.
Où déverse-t-il lui-même ses eaux’?
C’est la une question qui n’a pu être encore résolue jusqu’à ce jour, faute d’une exploration complète qui ne laisserait pas que d’être assez dangereuse.
La profondeur du lac est très grande ; une corde armée d’un fort plomb de sonde, n’a pas trouvé le fond à 30 mètres.
La limpidité de l’eau est parfaite, sa fraîcheur constante, sa saveur agréable, dit M. le docteur David, pharmacien en chef de l’hôpital de Guelma en 1882, qui en a donné l’analyse suivante :
Acide carbonique………… 0.043
bicarbonate de chaux…… 0,159
Carbonate de protoxyde de fer. traces
Sulfate de chaux………….0.004
Sulfate de magnésie. …….0.030
Chlorure de Sodium………. 0.063
Acide silicique. ……….. 0.017
Matières organiques. . ….. 0.077
Total : 1,092
Le sol de la voûte est forme de pierre calcaire un peu marneuse, teinte en rosé par de l’oxyde de fer.
Dans le courant de l’année 1888, certains mouvements se sont produits, non à l’extérieur, mais à l’intérieur même de la grotte ; toute la partie droite de l’éboulement s’est affaissée sensiblement et s’est fractionnée en plusieurs blocs, séparés par de larges et profondes fissures, dont il faut se garder en explorant les lieux.
Il est bon de se munir de lampes à pétrole pour éclairer la grotte ; mais cette précaution n’est pas indispensable. Au bout de dix minutes ou un quart d’heure d’attente, l’œil s’habitue assez à l’obscurité relative qui règne à l’intérieur, pour permettre de distinguer tous les contours de la caverne et les coins les plus reculés. Le moment le plus favorable pour cette visite est de 2 à 4 heures de l’après-midi, au moment où le soleil dirige ses rayons sur l’entrée de la grotte.
On dit que pendant la deuxième guerre mondiale, une équipe de chercheurs anglais, s’était aventurée pour explorer le lac ne revint jamais à leur point de départ. Pour les arabes les Djins du lac les avaient tués.
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