CHAOUKI-LI-QACENTINA

CHAOUKI-LI-QACENTINA

Le Palais d’Ahmed Bey - (I)


L'un des jardins de rêve ...

 


On peut repérer sur ce plan LE KIOSQUE et LE HAREM, lieux très importants !

 

Le palais du Bey, que nous appelions aussi : Palais de la Division, nous   impressionnait ; nous savions que, cachées derrière des murs sévères, des beautés secrètes en faisaient un palais de rêve et que ces lieux dignes des contes étaient aussi l'endroit où se prenaient des décisions parfois graves dans le domaine militaire ... Le prestige et le mystère l'auréolaient.


Sa sobre façade rénovée

 

En 1867, C. L. Féraud publia une monographie consacrée au palais. Il fit œuvre d'historien, visitant les lieux, recueillant des écrits d' Ahmed Bey qu'on lui traduisit, interrogeant les témoins comme les membres de l'entourage du Bey, les ouvriers qui avaient participé à la construction du palais, les femmes du harem et leurs servantes qui avaient perdu leur seigneur et maître quand la ville avait été prise par les Français en 1837. J'en possède un précieux exemplaire édité par la Division de Constantine et hérité de mon Père.

Hadj Ahmed Bey (1786-1851) a donc laissé sa trace, et par sa résistance aux Français et par la somptueuse demeure qu'il a fait construire pendant des années et habitée peu de temps. Ardent cavalier, il réorganisa les tribus, y fut Caïd, alla à La Mecque et en Egypte et en 1826 fut Bey de Constantine, résidant à Dar-El-Bey. La prise d'Alger, par les Français, en 1830, renforça son sentiment de résistance.

Dans ses voyages il avait vu de riches demeures et il entreprit de faire construire la sienne sur le site que nous connaissons et qui était alors encombré de petites maisons dont une ou deux appartenaient à sa famille. Il fit déblayer et assainir l'endroit, organiser et construire bâtiments et jardins.  Le tout, par ajouts successifs mais ce manque de rigueur ne choque absolument pas : cette originalité donne une impression de richesse et d'harmonie indéniables. La base du bâtiment (évalué à 5 609 m2), est en grande partie, faite en pierres d'édifices romains. 


Partout des colonnes ... des chapiteaux ...

 

Pour décorer luxueusement ce bel écrin, sur place il réquisitionna dans les riches maisons de la ville, les objets précieux qui pouvaient lui plaire et cela, de gré ou de force. Parfois les gens étaient dédommagés, parfois non, aussi allèrent-ils se plaindre au Pacha d'Alger qui tenta d'y mettre bon ordre. On imagine la colère du Bey ! Il y eut donc un ralentissement des travaux, mais ce ne fut que de courte durée et en 1830 après la prise d'Alger, on redoubla d'ardeur pour agrandir la construction et trouver d'autres œuvres d'art alors que Constantine résistait à l'occupation. Le Gênois, Schiaffino, fut chargé de rapporter d'Italie des colonnes de marbre. Elles furent transportées avec un luxe de précautions. Les galeries et les trois jardins sont festonnés de ces ravissantes colonnades comme le seraient des cloîtres, et cela sur deux niveaux.

On engagea les meilleurs ouvriers dans tous les corps de métiers ; on fit venir du bois des forêts de Kabylie pour les poutres. La finesse de l'art arabe se retrouve dans les portes sculptées comme de la dentelle ; les serrures et ferronneries qui les ornent sont remarquables.

Les murs furent recouverts de faïences vernissées et les sols furent dallés pour entretenir la fraîcheur. Au-dessus de la partie carrelée des murs, courent des peintures chatoyantes décrivant un monde de fleurs et de fruits qui nous renvoie à la luxuriance des jardins : on peut imaginer ces endroits parfumés illuminés de milliers de verreries multicolores pour les fêtes nocturnes qu'affectionnait Ahmed Bey.


Arcature de porte en marbre - Faïences vernissées - Peintures

 


Travail remarquable de la porte

 

Les murs sont aussi enrichis de bien d'autres peintures. Curieusement, ce ne fut pas l'un des peintres qui avaient été engagés, qui réalisa la fameuse fresque représentant le voyage qu’Ahmed Bey avait fait à la Mecque, mais un simple apprenti. Ce fut l'œuvre de sa vie : il peignit des navires, des villes et des forteresses

Entre les fresques et le plafond court la peinture d'une draperie ; les plafonds sont enrichis de trois couleurs (vert-rouge-jaune) et portent des lampes de cuivre ciselé. Des miroirs décuplent ces riches images.


Navires de toutes sortes !

 

Au milieu des jardins et des divers pavillons, deux lieux importants méritent un paragraphe spécial : le Kiosque et le Harem ....

A suivre ... 

Par / Michèle Pontier-Bianco

Les 4 éléments



04/09/2018
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