CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Les années 1980 sur les timbres Algériens

Chadli Bendjedid, treize ans d’un règne controversé


Le 7 février 1979, Chadli Bendjedid est élu président de la République algérienne. Le nouveau chef de l’Etat est également ministre de la Défense et secrétaire général du FLN. Il a été désigné par l’ex-parti unique comme seul candidat à la succession du défunt Houari Boumediène, décédé le 27 décembre 1978. Vingt-quatre heures seulement après sa prise de fonction le 9 février 1979, Chadli verra son élection portée sur un timbre-poste dessiné par Mohamed Temmam.

Tout a été préparé à l’avance. Comme si la Poste algérienne était sûre du résultat. Il s’agit de la deuxième figurine du genre après celle réalisée par le même dessinateur pour l’élection de Boumediène, parue le 16/12/1976. Chadli fera ainsi son entrée dans le catalogue philatélique algérien. Une époque est révolue et une autre commence. Le premier fait qui se confirmera à travers les années est la disparition progressive des références au socialisme sur les timbres. Chadli fera tout pour effacer toute trace de l’époque de Boumediène.

La dernière représentation d’un plan quinquennal (1980-1984) sur un timbre apparaît dans une émission du 29/01/1981. Toutefois, l’agriculture demeure encore la priorité pour l’Etat algérien qui tente de valoriser son action sur les séries de timbres consacrées à ce secteur en 1987 (barrages, mise en valeur des terres, fixation des dunes, production nationale), en 1988 (retenues collinaires, nouvelle organisation des domaines agricoles) et en 1989 (lutte anti-acridienne et production nationale).

Le changement de la ligne économique du pays surviendra à travers un timbre de 1988 où sera décidée la fameuse «autonomie de l’entreprise publique économique», qui sera suivie par le sinistre plan de restructuration, œuvre du génie de l’ex-Premier ministre Abdelhamid Brahimi.

Durant treize ans de règne, Chadli avait voulu aussi montrer tout ce qu’il avait réalisé comme infrastructures, illustrées sur des timbres de 1987 (routes, transport ferroviaire dans les Hauts-Plateaux, universités), et en 1989 (habitat, tourisme, culture, télécommunications, développement du Sud, agriculture saharienne, complexe gazier de Hassi, aérodromes d’Oran, de Tébessa et de Tamanrasset). La chute des prix du pétrole à partir de 1986 et ses incidences sur l’économie algérienne, avec le tarissement de la manne financière apparaît sur un timbre émis en 1990 appelant à «une utilisation rationnelle de l’énergie».

Le début du règne de Chadli restera marqué par le séisme qui avait secoué le pays le 10 octobre 1980, et qui avait ravagé l’ancienne wilaya d’El Asnam (devenue Chlef). Une catastrophe qui fera l’objet d’un timbre de solidarité avec les sinistrés émis le 13/11/1980. Mais le fait le plus remarquable dans le catalogue philatélique algérien durant cette époque demeure l’omniprésence du parti du Front de libération nationale (FLN).

On ne ratait jamais l’occasion pour célébrer les différents congrès de l’ex-parti unique, avec des slogans pompeux qui peuvent paraître ridicules de nos jours, du genre «Min adjlika ya watani» (Pour toi ma patrie), «Min adjli hayatin afdhel» (Pour une vie meilleure), ou « Aamel oua sarama min adjli damani el moustaqbel» (Travail et rigueur pour garantir l’avenir), et «Iltizem, waqîa, aâmel» (Engagement, réalisme, travail). Ainsi, quatre congrès, dont deux extraordinaires, ont été illustrés sur des timbres.

Parmi ces derniers, on citera celui de janvier 1979 qui a désigné Chadli comme candidat unique à la présidence, et celui de juin 1980 qui a lancé le plan quinquennal. Il y aura aussi le 5e congrès de décembre 1983, qui portera Chadli pour une réélection en 1984, puis le 6e congrès de novembre 1988, survenu après les événements du 5 octobre, et qui lui assurera une autre réélection en 1989.

Si l’ère de Chadli fut marquée par l’ouverture démocratique après l’adoption par référendum de la Constitution du 23 février 1989, un fait célébré sur un timbre deux ans plus tard, les choses se précipiteront avec la montée du courant islamiste. Une suite d’événements qui fera basculer le pays dans la violence. Une décennie tragique commencera pour les Algériens. Quant à Chadli, il sombrera dans l’anonymat après sa démission le 12 janvier 1992. Il en sortira après sa mort le 6/10/2012 où il aura droit à des funérailles dignes d’un chef d’Etat, avec un deuil décrété pour huit jours.

Par/Arslan Selmane

El Watan



24/10/2017
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