CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Les années de 2000 à 2015 sur les timbres Algériens

Les mandats de Bouteflika, l’armée et les Chinois


Détenant à ce jour le record des mandats présidentiels dans l’histoire de l’Algérie indépendante, Abdelaziz Bouteflika laissera les traces de son règne pour l’éternité dans le catalogue philatélique algérien. En étudiant les timbres consacrés aux quatre dernières présidentielles, on ne peut qu’être frappés par des faits dont certains méritent d’être classés dans la rubrique «insolite».

La première élection du «candidat indépendant», qui s’est retrouvé seul en 1999, après le retrait spectaculaire des six autres candidats, ne passera pas inaperçue.  L’événement porté sur un timbre émis le 15/4/1999 a été dessiné par l’artiste Sid-Ahmed Bentounès. Ce dernier, dessinateur très prolifique de vignettes depuis 1975, devient durant plus de 32 ans l’illustrateur attitré des émissions événementielles. On retrouvera sur plusieurs timbres l’empreinte de ce miniaturiste qui fut l’élève dans les années 1970 du grand maître iranien de la miniature, Mahmoud Farchiane. Le même Sid-Ahmed Bentounès signera quatre ans plus tard le timbre de la présidentielle de 2004, sorti le 8 avril, coïncidant avec le deuxième mandat de Bouteflika. Cette fois-ci, l’artiste sort des sentiers battus des allégories pour représenter sur un timbre en relief, le fameux Palais d’El Mouradia sous un beau ciel bleu.

Pour ceux qui ne le savent pas, ce genre de timbres est rare dans l’histoire de la philatélie algérienne. La nouvelle vignette, achetée par planches, fera le bonheur des collectionneurs, notamment à l’étranger. Au lieu de changer de registre, le même Sid-Ahmed Bentounès sera nettement moins inspiré pour illustrer le timbre commémorant la présidentielle du 9/4/2009. Comme s’il était à court d’idées, il se contentera de reprendre le symbole de l’Etat algérien sur un fond vert d’une nuance située entre le vert bouteille, le vert de vessie et le vert épinard. Un mélange «visuellement» non digérable. Mais le timbre le plus insolite dans toute l’histoire des présidentielles sera réalisé par Kamreddine Krim à l’occasion des élections du 16/4/2014. Sur un rectangle de 29 mm x 43 mm ont été représentés une urne, des bulletins de vote sur fond de la carte de l’Algérie et de l’emblème national, avec à droite la silhouette d’un homme en costume, debout devant un pupitre, comme pour prêter serment. Une image caricaturale d’un événement majeur retransmis sur les chaînes de télévision, où des millions d’Algériens ont vu leur Président prêter serment péniblement sur une chaise roulante. C’est durant le règne de Bouteflika qu’on notera une présence remarquée de timbres glorifiant l’Armée nationale populaire (ANP).

Un fait inédit dans l’histoire de la philatélie algérienne. L’ANP fera une percée fulgurante à partir du 25/6/2007, avec deux timbres célébrant le 45e anniversaire de la création de la Gendarmerie nationale. Trois ans plus tard, c’est le ministère de la Défense nationale qui réalisera son propre timbre pour l’anniversaire de la Révolution. La suite dans les idées sera prometteuse, puisque le même MDN fera sortir le 1/11/2009 un second timbre illustrant ses différents corps. Pour la même occasion, c’est l’inamovible Sid-Ahmed Bentounès qui réalisera une vignette sur le Musée central de l’armée. Le tout sera couronné le 5/7/2012 à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance par une série de cinq timbres et deux blocs feuillets représentant les différents commandements (Forces terrestres, aériennes, navales, Défense aérienne du territoire, Gendarmerie nationale et Garde républicaine).

Le deuxième phénomène philatélique qui marquera le règne de Bouteflika est «l’invasion chinoise» sur les timbres algériens à travers des émissions unilatérales «imposées» à l’administration postale. A commencer par la célébration des 45e et 50e anniversaires de l’établissement des relations Algéro-chinoises sur des timbres émis en 2003 et 2008. Suivra le 16/4/2013 une autre figurine sur le cinquantenaire de la première mission médicale chinoise en Algérie, arrivée en avril 1963, après l’appel lancé par le gouvernement algérien à la communauté internationale, suite au départ des équipes médicales françaises. Le top des faits insolites sera atteint avec les timbres émis le 10/9/2017 illustrant l’Opéra d’Alger et le Centre international des conférences, présentés comme des réalisations nationales, alors qu’elles ont été l’œuvre des Chinois.

Par/Arslan Selmane

El Watan



24/10/2017
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