CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Oblitérations premier jour de 2018

Une cacophonie dans un cachet rond


Loisir très instructif pour les amateurs, passion dévorante et aux horizons vastes pour les avertis, la philatélie ne se limite pas uniquement aux pièces classiques, comme les timbres, les enveloppes Premier jour, les carnets, les prospectus et autres documents fruits de l’imagination des collectionneurs. Un volet qui demeure méconnu ou sous-estimé et auquel nous consacrons cette chronique pour la première fois.

Il s’agit des oblitérations apposées sur les enveloppes appelées FDC (First Day Cover), vendues dans les principales recettes postales d’Algérie au premier jour de l’émission philatélique. Classiquement, il s’agit d’un cachet rond sur lequel on retrouve les six éléments de base de l’émission : le numéro, la date, la ville où se vend l’émission le 1er jour, la mention «Algérie Poste Philatélie», l’intitulé de l’émission et bien sûr l’illustration. Un retour sur les oblitérations de l’année 2018 nous révèle une entrée en force officielle sur les timbres algériens de la langue amazighe représentée par les caractères tifinagh.

Ceci en plein débat, non encore clos, qui persiste toujours entre ceux qui défendent le choix de ces derniers et ceux qui plaident pour les caractères latins. Pourtant, le tifinagh n’a attendu personne pour s’imposer sur la majorité des émissions de l’année écoulée, même sur les timbres et les prospectus, depuis la figurine sortie le 21/2/2018 pour célébrer l’Année internationale de la langue maternelle. La lecture du contenu des oblitérations nous permet tout de même de faire une réflexion sur les ambiguïtés qui persistent dans le choix du modèle pour le cachet, qui doit être clair, simple et de dimensions standardisées.

Or, il se trouve que c’est une véritable cacophonie qui règne encore sur des oblitérations non réfléchies, mal conçues et surtout chargées, avec parfois trois langues (arabe, français et anglais). On citera les émissions de la Journée des Nations unies pour le service public (23/6), les Jeux africains de la jeunesse (17/7) et la résistance populaire (5/7). Dans ce dernier volet, le français, qui était omniprésent, disparaîtra progressivement pour céder la place à tamazight.

Il ne pouvait pas y être autrement pour la langue de Molière, qui a perdu beaucoup de terrain, même sur les prospectus. Côté illustration, c’est désormais «l’allégorisme» et le symbolisme qui prennent toujours le dessus, avec quelques exceptions pour les émissions sur les nouvelles villes, la Journée mondiale de l’eau, le couscous, le patrimoine et la solidarité avec la Palestine.

On ne s’empêchera pas de s’interroger sur certains choix incompréhensibles, qui méritent une dissertation philosophique, comme celui des timbres sur les martyrs sortis le 5 juillet, avec l’option bizarre des emblèmes, mais aussi ce cavalier solitaire perdu sur un cachet conçu pour l’émission sur la résistance populaire. Le must de cette collection de sorties inédites demeure le cachet banal et «muet» réservé au timbre sorti le 18 juillet et célébrant le centenaire de la naissance de Nelson Mandela, présent sur le timbre, mais pas sur l’oblitération.

Le seul fait remarquable restera ce chiffre «1» dessiné sous forme d’un long bras noir qui se termine par un poing symbolisant la lutte contre l’apartheid. La seule consolation de l’année sera l’apparition de deux personnalités ayant en commun le nom du saint-patron de la ville d’Oran   : Blaoui El Houari et Houari Boumediène. Ce dernier revient 40 ans après, affichant un mystérieux sourire aux lèvres, à quelques mois d’une présidentielle capitale pour l’avenir de l’Algérie. Un message à décoder et surtout à méditer.

Par/S. Arslan

El Watan



19/01/2019
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