CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Route vers la mer : De Constantine à Collo


                                                  Au pied du Rocher - Dans la vallée ...

" Noël au balcon, Pâques aux tisons " prétend un vieux dicton. Noël passé avait dû être bien rigoureux à en juger par le temps splendide qui marquait cette année-là, la veille de Pâques, un vrai temps de Printemps ... et Dieu sait combien est éphémère le Printemps d'Algérie. Brusquement, on sort de l'Hiver : on saute en plein Eté. C'était justement l'un de ces jours-là, plein de ciel bleu et de soleil.

Le GMC au confort spartiate

Hommes, femmes, jeunes gens, enfants et valises s'entassent, s'installent dans un camion semi-aménagé. Un long panier d'osier marqué d'une croix rouge fait l'objet de toutes les attentions du " toubib " : on ne sait jamais ! D'ailleurs avec les cinq enfants dont sa compagne fait l'inventaire à tout moment d'un œil inquiet, il y aura sûrement un bobo à panser, une égratignure à désinfecter.

Dans le petit matin de la ville encore mal réveillée, le camion démarre, éclatant de rires frais, de chants et de secousses. On part, la vie est belle.

Des rochers, des champs, un petit village et puis, un grand bâtiment blanc avec des camions qui stationnent, des rampes de chargement, un circuit de wagonnets suspendus, des sacs pleins à craquer empilés : c'est une minoterie, nous sommes au HAMMA-PLAISANCE. Jardins, verdures, grands arbres et puis des champs dans lesquels les blés et orges en herbe, sont déjà très hauts.

Champs verdoyants qui sont émaillés par les taches jaunes des ravenelles et les points roses des silènes avec quelques rubis épars des coquelicots.

Tout au long de la route et en bordure, des oiseaux s'envolent, le bruit du moteur les rendrait aphones. Sur la gauche brille un oued tortillard. Nous voici au lieu-dit : Les DEUX PONTS. L'oued nous suit maintenant sur la droite : ruisseaux d'eaux claires et limpides se perdant entre des touffes de verdure et des petites îles allongées faites de sable et de gros cailloux ronds.

La route monte, l'oued ne peut plus suivre, il nous abandonne. Nous traversons un village. C'est l'heure du café et c'est le jour du marché de légumes qui se tient sur le large trottoir. En groupes colorés de burnous et de cachabias, de turbans blancs et de chéchias rouges, clients et badauds nous regardent passer.

Une vallée s'ouvre largement ; la route en retrouve le fond puis attaque la montée vers le COL D'EL KANTOUR : montée pénible, le lourd camion se traîne, le moteur enrage et crache ses entrailles métalliques. Nous sommes sauvés. Le col est atteint. Pause-pipi. Le véhicule vomit ses occupants. On se détend. Aie ! Nos pauvres fesses endolories par les cahots, nos pauvres reins rabotés par les ridelles ... Mais quel joli coup d'œil !

Un cirque de coteaux et vallons, encadré de montagnes, s'étire à nos pieds. Des multitudes de petites boules d'un vert sombre et nacré sont piquées partout : des oliviers. Sur la droite, deux montagnes dressent leurs pointes rocailleuses ; on les appelle " Les Jumelles "ou" Les Deux Mamelles ".

Sous nos pieds, la route descend en larges boucles. Une voie ferrée sort des rochers d'un invisible tunnel, longe la route et perce à nouveau la montagne. Mais le signal de départ retentit. Nous repartons pour la fameuse descente vertigineuse qui semble faire passer le soleil d'un côté à l'autre, tour à tour. Enfin la pente diminue et c'est l'embranchement vers Le COL des OLIVIERS. Vous y trouverez de superbes eucalyptus mais pas un seul olivier : les oliviers sont plus loin et plus bas dans la vallée.

La route sinueuse taillée au flanc des coteaux longe dangereusement le ravin pour gagner la plaine aux immenses champs cultivés. Une côte toute droite bordée de faux-acacias et c'est SIDI-MESRICH.

Mosquée de Sidi Mesrich

Nous passons de vallée en vallée entre des cultures, de grands jardins cachés dans la verdure ; la verdure devient de plus en plus épaisse, c'est le vrai maquis dont les lentisques débordent des talus. Des chênes-lièges émergent des arbustes serrés en touffes. L'œil se repose sur ces masses vertes couvrant les pentes.

Tamalous

Passé Tamalous, commence la forêt de chênes-lièges tapissant la grande vallée et les monts. La route court à mi-pente suivant les eaux claires de l'oued. Surprenant les regards, une double rangée de platanes immenses forme une voûte au-dessus de nous, un vrai tunnel d'ombre verte mais vite la forêt recommence, faisant parfois place à des cultures.

Les montagnes s'écartent enfin ; une petite plaine côtière commence et les oliviers reparaissent ainsi que les jardins et les massifs de verdure. Un pont étroit enjambe un oued aux eaux stagnantes envahies de grandes herbes et soudain, au travers des bosquets, la mer apparaît brusquement, idéalement bleue et baignée de soleil. La corniche rejoint une plage immense de sable fin et doré, entièrement longée de verdure dans laquelle l'oued se perd. Ecrasée par la montagne, après de nombreux tournants, la route entre dans COLLO par surprise. C'est l'enthousiasme de l'arrivée, la fin des misères du voyage ...

          A suivre... 

Collo - Carte postale ancienne

Note : Hamma-Plaisance est devenu Hamma-Bouziane

Nous disions simplement : Le Hamma.

Texte d’Albert Bianco

Publié le 24 juin 2019 par Michèle Pontier-Bianco

Source//  Algérie, mon beau pays



27/06/2019
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