CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Stations thermales

Des richesses naturelles à l’histoire deux fois millénaire


La Poste algérienne vient de ressusciter une vieille thématique, longtemps ignorée, à travers l’émission le 26 janvier dernier d’une série sur les stations thermales. Cette belle «surprise du chef» a été l’œuvre du dessinateur Ali Kerbouche. Un grand retour sur des timbres pour ces sites, dont l’importance touristique et économique a été de tout temps sous-estimée, en dehors des discours pompeux, malgré les ressources financières que ce secteur peut drainer au Trésor public, notamment pour les petites communes abritant ces merveilles.

Mais au fait, pourquoi ce désintérêt affiché par les concepteurs de figurines postales, mais aussi par le service philatélique d’Algérie Poste, alors que le pays recèle de richesses inépuisables, dont certaines remontent à 2000 ans, faisant de lui l’un des plus «gâtés» par la nature sur cette planète ? Ainsi, on a recensé jusqu’à ce jour 200 sources thermales, réparties sur une vingtaine de wilayas, dans toutes les régions. Les fouilles archéologiques ont montré que plusieurs parmi ces sites datent de l’époque romaine.

Il est bien connu que les Romains accordaient une importance très particulière à ces richesses naturelles. Plusieurs campements, qui ont grandi pour devenir des villages, ont été construits autour de ces sources. Il faudra remonter 29 ans en arrière pour retrouver les premières traces de ces lieux sur des timbres algériens.

On se rappelle encore que cette époque des années 1980 a été la plus mauvaise dans l’histoire de la philatélie nationale, avec des thématiques pauvres, des illustrations fades sur un papier gommé d’une qualité quelconque, et des perforations approximatives donnant des dentelures moches, ce qui a déprécié la cote des timbres algériens à l’étranger.

C’est le dessinateur Tahar Boukeroui qui a été le précurseur pour ce sujet, en réalisant trois timbres, émis le 14/7/1988, mettant en valeur des sites parmi les plus connus en Algérie. Il s’agit de Hammam Bouhanifia, Aquae Sirenses chez les Romains, qui remonte à 2000 ans, situé à 25 km au sud-ouest de Mascara dans un paysage magnifique sur les bords de l’Oued El Hammam.

La station thermale, érigée à 230 m d’altitude, est entourée de montagnes culminant à 800 m. Dans la même série, on retrouve le fameux Hammam Chellala, Aquae Thibilitanae chez les Romains, qu’on ne veut plus appeler par son ancienne et maudite dénomination de Hammam Meskhoutine, désormais connu par sa célèbre cascade, devenu une véritable destination touristique ayant une place de choix sur les cartes postales et les photos souvenirs.

Situé à 110 km de Constantine et seulement 20 km de Guelma, Hammam Chellala abrite aujourd’hui les sources parmi les plus chaudes et les plus prisées dans la région Est du pays. Le troisième site représenté dans cette première émission a été celui de Hammam Righa, ancien Aquae Mauretaniae Cesarienne, dans la wilaya d’Aïn Defla. Un lieu de détente et de bien-être pour les curistes au milieu d’une nature verdoyante.

Trois nouveaux timbres viendront encore une fois enrichir cette thématique, où les philatélistes ont eu la joie de découvrir le site de Hammam Salihine, situé à 8 km de Khenchela dans une région forestière, et construit sur le lieu même de l’ancienne source romaine Aqua Flavianae. Figure également le site de Hammam Bouhadjar, à 21 km d’Aïn Témouchent, planté au milieu des vignobles et d’oliviers, riche d’une quarantaine de sources chaudes exploitées depuis 1974. Le nom du site est lié à celui du marabout Sid Ahmed Bouhadjar, qui a vécu dans la tribu des Ouled Bouhadjar avant la colonisation française,dont le mausolée n’est pas loin.

La première et unique station thermale du Sud illustrée sur timbre-poste est celle de Hammam Zelfana, situé à 70 km de Ghardaïa, créée suite à un forage réalisé en 1956, mais vite, on s’est aperçus des vertus thérapeutiques de son eau chaude riche en sels minéraux. Le lieu verra la construction d’une station thermale qui grandira, avec la réalisation d’hôtels, de piscines et de lieux de détente. Plusieurs lieux encore plus célèbres attendront de figurer un jour dans le catalogue philatélique algérien.

On citera, entre autres, Hammam Boughrara, à Tlemcen, et Hammam Rabbi, à Saïda. Mais celui qui a été superbement oublié n’est autre que Hammam Guergour, situé à 60 km au nord-ouest de Sétif, à la sortie des gorges traversées par l’oued Boussellem. Construit sur le site d’un ancien village romain, ses eaux hyperthermales sont classées au 1er rang en Algérie et au 3e rang mondial, après les bains de Brembach, en Allemagne, et ceux de Jachimov, en ex-Tchécoslovaquie. De quoi rendre furieux.

Par/Arslan Selmane

El Watan



16/02/2017
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