CHAOUKI-LI-QACENTINA

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La réserve naturelle du Mergueb (03/10/2010)


À une cinquantaine de kilomètres au nord de Bou Saâda, s’étend une région particulière, appelée réserve du Mergueb. Ce laboratoire vivant, destiné à la recherche et à la protection de la vie sauvage, n’arrive toujours pas à trouver son chemin. En Algérie, de tels sanctuaires, classés officiellement depuis des décennies, se comptent sur les doigts d’une seule main. Leurs déboires sont tels que cela a fini par décourager bon nombre de leurs défenseurs. Tant attendus, les textes d’application de ces réserves et des aires protégées adoptés le mois dernier par l’APN peuvent constituer des outils pour secouer le cocotier. Le Mergueb, cette « enclave désertique dans la zone des Hauts Plateaux » comme l’ont définie les botanistes Quezel et Santa dans les années 1960, s’étend sur 12500 ha. Avant 1970, il jouissait du statut de « réserve nationale de chasse » non classée. Dix-huit ans après, il fut placé sous l’autorité de la wilaya de M’Sila en tant que « réserve naturelle » et non pas de chasse. Depuis, le Mergueb est tombé en désuétude. Et pourtant, le site ne cesse d’attirer les chercheurs. Certains ont suivi les derniers troupeaux de gazelles de l’Atlas, appelées également l’Edmi ; d’autres ont développé des efforts pour mieux connaitre l’hérisson du désert ou les rapaces … Il faut souligner, qu’avant de venir se retrancher dans les Hauts Plateaux, cette gazelle de l’Atlas gambadait aux alentours d’Alger et d’Oran aux débuts de la colonisation française. De nos jours, les scientifiques estiment son nombre à quelque 300 unités seulement ! Un chiffre très inquiétant. Migratrice, vivant en couple ou en petite harde familiale, cette gazelle ne cesse de subir les coups de boutoir des braconniers de tous bords. Devenue très méfiante, elle ne se laisse approcher qu’à 300 m avant de disparaître finalement dans cette réserve censée la protéger. En effet, au comptage de certaines années, elle s’est trouvée malheureusement absente. Ainsi, l’animal risque sérieusement de s’éteindre dans l’anonymat, comme le fut sa congénère la gazelle dama. Les nombreux animaux qui évoluent dans cet espace ont trouvé une flore assez variée et des reliefs contrastés. La steppe à alfa recouvre les crêtes aplaties des collines, les pentes et les parties sommitales des ravins. Ces touffes denses se limitent aux sols relativement profonds. Elles sont moins importantes sur les parties rocheuses qui abritent d’autres types de plantes, telles que les mousses et les lichens. Dans les ravins, les conditions étant plus favorables, des arbustes poussent sur les pentes. Ailleurs, vers le sud, se dessine un paysage de daya. Ce sont de véritables chaînes de dépression, des oeuvres géologiques parsemées d’arbres. Ces derniers sont d’ailleurs aussi étonnants et fascinants. Des arbres exceptionnels, endémiques à l’Afrique du Nord, mais malheureusement, eux aussi risquent de disparaitre. L’espèce s’appelle pistachier de l’Atlas. Lorsque celui-ci se trouve isolé, assez jeune ou en germination, une plante épineuse appelée jujubier ou « sedra » vient l’enlacer afin de le protéger des agressions. Les raisons de ce pacte étonnant entre les espèces restent à élucider. Différentes essences forestières furent introduites dans le cadre des campagnes de reboisement.

Le plus souvent au pif. On y trouve le pin d’Alep bien sûr, le cyprès, l’acacia et l’atriplexe. La réserve demeure livrée à elle-même. Les quelques bonnes volontés locales n’arrivent pas à trouver écho auprès de l’administration des forêts. Non clôturées, traversée par la route nationale et par des pistes, son milieu originel accuse de grandes modifications et dégradation dues aussi, et peut être au déboisement et à un agro-pastoralisme intense. Un autre joyau du pays en agonie.


Rachid Safou
03/10/10

 



16/07/2015
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