Le Repas des Vautours
Vautour en son manteau de plumes - ( Encre sur Canson - 30 cm x40 cm)
Le " Repas des Vautours " est une très ancienne coutume constantinoise qui perdura jusqu'à la seconde moitié des années quarante. Elle ne concernait qu'une petite partie de la population, celle qui était composée d'Africains en majorité venus du Soudan. Des légendes l'expliquent. Soit : leur ancêtre, roi du Soudan (homme juste et qui parlait aux animaux) avait été fait prisonnier au Tchad et avait été emmené sur le rocher qu'on nomma plus tard " Rocher de Sidi M'Cid " . Emmuré dans une tour qui comportait une ouverture en haut, il avait été nourri par les vautours et l'avoir retrouvé vivant fit figure de miracle On le vénéra comme un saint homme, Sidi M'Cid, et il fut, à sa mort, enterré sur le rocher.
Soit : c'était un marabout noir, du Sud, bon pratiquant mais qui eut la faiblesse, pendant le Ramadan, de manger du poulet . Dieu le punit en le transformant en vautour. Toujours est-il que la tradition de le fêter et prier chaque début Septembre s'établit.
Le Repas des Vautours - ( Très ) Vieille image
Voir cette fête, nommée la Zerda, devait être un tableau fort pittoresque ! Les fidèles qui habitaient la partie de la vieille ville qui dominait le ravin (au-dessus de la future Passerelle Perrégaux) , descendaient dans un grand charivari pour constituer une procession hétéroclite de musiciens, possédés, guérisseurs (tolbas) etc ...
A cette époque les vautours abondaient. Avec d'autres rapaces, corbeaux et autres oiseaux, ils hantaient les ravins du Rhumel, lesquels avaient la réputation d'abriter des génies, des démons, au milieu des cris des oiseaux et les grondements des eaux profondes.
On qualifie le vautour de " charognard " , on le trouve peu sympathique, mais depuis l'Antiquité, bien des peuples l'ont considéré comme " passeur d'âmes " . En effet, doté de grandes ailes et volant très haut, il se rapproche de Dieu.
Il aime la chair déjà morte mais ... fraîche. Pour la Zerda, les fidèle lançaient à ces rapaces, des bouts de viande à la volée. On imagine l'excitation, les cris des hommes, le tam-tam déchaîné autour des bêtes que l'on sacrifiait.
Un texte, sur ce sujet, m'a semblé surprenant : il parle d'un " vieux bouc " que l'on faisait rôtir sur le rocher de Sidi M'Cid : bizarre si c'était pour les vautours et tout aussi curieux si c'était pour les assistants !
Et bien sûr l'image du bouc mis à rôtir, peut faire dériver notre esprit vers une tradition chère à tous les gens d'Algérie : le MECHOUI si festif et si convivial !
A suivre ..
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