CHAOUKI-LI-QACENTINA

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Le timbre algérien du 1/11/1962 au 1/11/2017 (1re partie)

Les années des vignettes emblématiques


Moins de quatre mois après le recouvrement de son indépendance, l’Algérie s’apprêtait à fêter le 8e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale.

L’histoire retiendra que c’est à l’initiative de militants de la Fédération FLN d’Alger que cette date emblématique sera célébrée sur le premier timbre de l’Algérie indépendante. Une figurine postale de solidarité plus connue par le «1+9», en raison de sa valeur de 1 Nouveau Franc (NF), en usage en Algérie jusqu’en 1964 (le dinar n’existait pas encore), avec une surtaxe de solidarité de 9 NF au profit des enfants et veuves de martyrs. L’histoire de «la Vignette verte», devenue emblématique dans le catalogue philatélique algérien, est inédite. Dans une de nos chroniques, Mohamed-Achour Ali Ahmed, journaliste philatélique, relatait cet événement en notant : «L’impression de cette vignette verte de grand format fut confiée, pour des raisons évidentes de sécurité et de discrétion, par crainte de sabotage de l’OAS, à un imprimeur de confiance connu des responsables de la Fédération FLN d’Alger. C’est Ahcène Krimat, enfant de la ville de Jijel, où il y est né en 1935, propriétaire de l’imprimerie Les impressions d’Art, à Hussein Dey (Alger), qui s’est acquitté tant bien que mal de cette tâche dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1962.

Le jour J, c’est par un communiqué laconique que la Direction générale des PTT annonçait la mise en vente anticipée de ce timbre commémoratif le 1er novembre 1962 à la recette principale d’Alger.»  Le dessinateur français de ce timbre est Gilbert Augustin Vallée (1915-1982). Métreur-vérificateur et projeteur-dessinateur en bâtiment, Vallée était installé dans un cabinet d’expertise et de conseil au n°1, rue Tancrède à Alger. Il a quitté l’Algérie fin 1962 pour s’installer en France. C’est ainsi que le premier timbre post-indépendance est né, en dépit des imperfections dues à la précipitation avec laquelle s’est déroulée cette opération. Le «1+9» sera suivi par l’émission de la première série à usage courant portant la mention «République algérienne», ayant pour sujet les sites (Gorges de Kherrata, Barrage de Foum El Gherza, Grande mosquée de Tlemcen, Hassi Messaoud, anciennes portes de Lodi à Médéa) reprise de celle parue entre 1959 et 1962. Cette dernière sera utilisée provisoirement avec des surcharges «EA» (Etat algérien) avec tampon à main (5/7/1962), puis avec tampon en procédé typographique (6/8/1962). Ce sera le début d’une longue série de timbres à la gloire de la Révolution et d’autres émissions commémoratives sorties de l’Imprimerie nationale de Belgrade (ex-Yougoslavie) et celle des PTT de Paris.

On ne manquera pas de révéler que ces années ont vu aussi l’apparition des premiers timbres-taxes d’Algérie, de la fameuse balance en cinq valeurs, suivis par le premier timbre célébrant le 1er anniversaire de l’indépendance d’Ali-Khodja, puis le 1er timbre commémorant le 9e anniversaire de la Révolution. Doucement et sûrement, les émissions philatéliques accompagneront les premiers pas de l’Etat algérien sur des figurines signées par de jeunes artistes-peintres, dont Choukri Mesli (La journée de l’Afrique), Ahmed Benyahia (1re Foire internationale d’Alger) et S. Makouf (Artisanat saharien).

Le véritable envol de la philatélie algérienne aura lieu à partir du 25/12/1965, avec la série mythique des miniatures de Mohamed Racim, qui a réalisé des timbres d’une rare beauté et d’une grande qualité d’impression, dont une seconde série sera émise une année plus tard. Sur sa lancée, la Poste algérienne s’intéressera aux thématiques historiques dans les dessins rupestres du Tassili N’ajjer. Elle consacrera une longue série de timbres en hommage à l’Emir Abdelkader à l’occasion du rapatriement de sa dépouille depuis Damas vers l’Algérie le 6 juillet 1966, même si cet événement a soulevé la polémique à l’époque. Les philatélistes algériens auront le bonheur de découvrir de nouvelles thématiques comme les Jeux olympiques, la faune, la flore, la musique et l’artisanat. Des sujets réalisés par des artistes au talent avéré, dont on citera Mohamed Temmam et Bachir Yelles. Avec sa grande valeur esthétique et la parfaite impression, la qualité du timbre algérien devient encore meilleure et en fera de lui l’un des plus prisés par les collectionneurs de plusieurs pays.

Par/Arslan Selmane

El Watan



02/11/2017
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